Dans sa deuxième Elegie, Pernette du Guillet met en scène son désir pour un homme (sans doute Maurice Scève) et explique les raisons qui la font y renoncer.
Elle s’y compare à Diane et adopte une écriture du fantasme, fantasme tant amoureux qu’érotique puisque la poétesse s’imagine se baignant nue, regardée et approchée par son destinataire – habituellement préoccupé par les seules idées, cette fois attiré par des entités moins « idéales ».
Mais se rappelle à elle l’impératif, pour son intellectuel de destinataire, de se donner tout entier à l’étude, laquelle est désignée à travers les figures mythologiques d’Apollon et des muses… Il faut donc renoncer au désir pour ne pas entraver le travail créateur de l’artiste.
Ce raisonnement peut surprendre aujourd’hui mais il avait cours au Moyen-Age et à la Renaissance, le désir et le lien amoureux étant vu comme une entrave au travail intellectuel et artistique, comme une tentation. Aussi Pernette se compare-t-elle à Diane, déesse vierge, femme de Delos auquel le titre du recueil de poèmes de Scève, Délie, fait référence.
Je relève ici que le désir est aussi librement exprimé par Pernette du Guillet que par Louise Labé, mais que l’issue n’en est pas la même : Pernette libère sa parole pour apprivoiser et retenir son désir quand Louise Labé semble exalter et attiser son désir par l’écriture.









