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[club] La Belle dame sans mercy – Postérité

L’ouvrage est demeuré célèbre. Il donne lieu à de nombreux textes s’en inspirant, y compris au 19ème (Keats).

La qualité littéraire du texte y est sûrement pour beaucoup. Le fait que les deux personnages soient également desservis permet de le rendre agréable à tous.

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[club] La Belle dame sans mercy – Refuser et refuser l’amour

La dame est sans mercy car elle refuse l’amour de son poursuivant.

Peut-on y voir l’éloge de la liberté de choix?

D’un point de vue courtois, je pense que non. L’indifférence de la dame fait partie du jeu courtois. La dame doit octroyer ou refuser ses faveurs à l’amant suivant « la logique du guerredon ». La Dame la refuse au nom d’une « libre franchise », qui n’est pas « la noble franchise ». Le problème n’est donc pas que la dame refuse, mais la raison pour laquelle la dame refuse.

La dame refuse au nom d’un désir d’indépendance, qui n’était certes pas recommandé par la société médiévale.

Maintenant Chartier reste neutre vis-à vis de ses personnages

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[résumé] Sophie Tolstoï – A qui la faute ?

Tolstoï, à la fin de sa vie, s’en prend au mariage « prostitution légalisée » et prêche l’abstinence. En 1890, il précise son point de vue suite aux courriers reçus au sujet de son court récit La Sonate à Kreutzer : les enfants doivent être le but des relations sexuelles, et pas un obstacle à la jouissance. L’abstinence est donc également nécessaire dans le mariage, notamment pendant la grossesse et l’allaitement. De plus, il n’y a pas de mariage chrétien, seulement un point de vue chrétien sur le mariage.

Offensée par La Sonate à Kreutzer; son épouse Sophie, mère de ses 13 enfants, scribe et correctrice, écrit A qui la faute en? en 1892. En 2010, Albin Michel publie une nouvelle traduction de La Sonate à Kreutzer, précédée par une première traduction d’A qui la faute ?. De son vivant, on avait déconseillé à Sophie de publier.

A qui la faute ? raconte le destin d’Anna, jeune fille innocente et cultivée qui rêve d’un amour spirituel. Après son mariage avec un vieil ami de la famille, elle déchante aussitôt : il ne la désire que charnellement. Elle trouve cependant du réconfort auprès de ses enfants et de la campagne. Son mari continue de la décevoir, en méprisant ses enfants et tout ce qu’elle aime. Un jour, elle rencontre Dimitri, vieil ami de son mari avec qui elle noue une relation platonique proche de son idéal spirituel… Dans ce récit, Sophie Tolstoï ne revendique rien, elle propose néanmoins une description juste de la vie des épouses, privées à la fois de sexualité et de spiritualité. Comment ne pas être interpellé par le tragique de l’existence d’Anna? « Se peut-il que ce soit-là tout le destin des femmes, songeait Anna, un corps au service de l’enfant, un corps au service du mari? L’un après l’autre, et ainsi de suite, sans qu’on en voie la fin? Où est donc ma propre vie? Où est mon moi? Mon vrai moi qui jadis aspirait à quelque chose de sublime, à servir Dieu et un idéal? » (p.96-97)

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(club) Thérèse d’Avila – Une réussite patiente

Sainte Thérèse ne renonce jamais à son projet, ne concède jamais, mais elle a toujours le souci d’obtenir l’approbation de ses supérieurs. Elle est prête à attendre pour cela. Elle ne veut pas créer une secte ; elle réussit là ou Luther a échoué. Elle ne veut pas être celle par qui le scandale arrive. Patience, diplomatie, persévérance, confiance en son projet me semblent caractériser sa démarche. On pourrait lui reprocher d’être trop prudente, trop servile ; mais je trouve qu’elle ne concède rien d’essentiel et que sa méthode est plutôt intelligente et efficace.

C’est peut-être un exemple à suivre pour modifier la société en faveur des femmes. Ou l’Eglise catholique…

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[club] C. Gilligan, In a different voice – Ce livre est-il à sa place?

[photopress:gilligan_flammarion.jpg,thumb,pp_image]Dans un premier temps, je dirai non. C’est un livre qui s’inscrit dans un débat précis en psychologie. Et selon moi c’est d’abord un livre de philo morale (j’aurais bien aimé l’avoir lu en deuxième année pour le cours de Bruno…)  il interroge de manière stimulantes les théories classiques et modernes…

Mais dans un second temps, je pense qu’il a sa place ici car

1)Il permet de penser la différence sans mettre en compétition. Ce que Gilligan refuse c’est de dire que jack a raison, et Amy tort, qu’il y a qu’une seule façon d’envisager les questions morales, ou que l’une témoigne d’un développement supérieur à l’autre. Ce sont justes de façon différente.

2) Ce livre est aussitôt qualifié de féminisme parce qu’il est écrit par une femme et parle des femmes. Mais dans l’ouvrage, il ne me semble pas que Gilligan ait l’intention de se positionner ainsi. Pas exactement, en tout cas. il me semble qu’elle se contente de pointer une différence. C’est aussi ce qui amène à des réserves sur le livre et les interprétations qui en ont été faits. J’y reviendrais. Là je veux simplement dire que ce livre est une illustration d’un problème : les femmes qui écrivent sur les femmes sont féministes, les hommes qui écrivent sur les hommes sont philosophes…

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[club] C. Gilligan, In a different voice – Réserves

[photopress:LOGO_FEM.gif,thumb,pp_image]Il faut à mon avis être prudent avec ce livre.

Gilligan a une méthode purement empirique. Une méthode de psychologue. elle a réalisé des interviews auprès d’un panel et elle en a tiré des conclusions. Maintenant peut-on généraliser? Notons que les interviews ont été réalisé à un moment particulier (des femmes se posant la question de l’avortement) sur une question exclusivement féminine (elle aurait pu par exemple choisir une même question et la poserà des hommes et à des femmes).

D’autre part ne dit pas qu’elle met en avant une différence essentielle. Elle est peut-être due aux différences d’éducation  entre les sexes, ou à la différence de relation à la mère. Elle ne dit pas pourquoi elle observe cette différence entre les hommes et les femmes. D’ailleurs rien ne dit qu’on ne pourrait pas trouver des hommes pratiquant l’éthique de la sollicitude.

Donc je pense qu’il faut noter que le débat qui a suivi la publication du livre est le fait du radicalisation des propos de Gilligan : et si cette différence qu’elle pointe était essentielle? Et si les femmes étaient plus faites pour la sollicitude? Jo March aurait-elle donc raison de finir par se ranger et fonder une famille?

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[club] Mme d’Epinay – Du mariage

L’exemple de Mme de Montbrillant et de ses proches nous montre (à nouveau) que le mariage dans la noblesse au XVIIIème siècle est d’abord une question d’argent, qu’il laisse peu de liberté à l’épouse si ce n’est dans l’adultère. Elle n’a en principe même pas le loisir d’élever ses enfants. p. 396 « la liberté que les femmes n’acquièrent presque jamais et qui est pourtant le plus précieux de tous les avantages ».

Il montre aussi un fait relevé par plusieurs historiens (notamment Jean Baechler dans Le règne des femmes) : c’est la décadence des hommes de la noblesse qui permet aux femmes de la noblesse de s’émanciper. Ainsi c’est parce que son mari est indigne, débauché et dépensier, que mme de Montbrillant finit par s’émanciper.

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[club] Mme d’Epinay – Maternité

Suffit-il d’être mère pour être totalement épanouie quand on est femme ?

L’exemple de Madame de Montbrillant nous montre que non.

Même si elle passe beaucoup temps à parler de ses enfants et à se réjouir de se consacrer à leur éducation, elle est plusieurs fois interrompue dans ce projet, et elle fait autre chose.

De plus l’attitude de Madame de Montbrillant à l’égard de ses enfants change. Dans un premier temps, ils ne sont qu’une occupation (P.405), puis ils occupent toute son âme p. 540 : « Je commençais à m’occuper sérieusement de mes enfans. Ils ne sont plus pour moi un simple délassement, ils occupent mon âme toute entière. ». Il n’y a donc rien d’inné dans la relation mère-enfant.

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[club] Mme d’Epinay – Chacun chez soi

Les femmes chez Mme d’Epinay apparaissent avoir droit à la liberté et à l’égalité tout comme les hommes. Cependant cette liberté et leur intelligence semblent devoir s’exercer dans la sphère privée. Mme de Montbrillant se consacre au soin des enfants et des personnes âgées. Mme de Montbrillant n’entend pas conquérir les mêmes domaines que ses amis masculins. Je pense que c’est pour cela qu’elle ne prétend à aucune carrière littéraire. Elle voit la littérature comme étant du domaine des hommes.

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[club] Mme d’Epinay – La dictature de la réputation

L’ouvrage illustre à quel point la réputation comptait pour les femmes et même les tyrannisait. Chaque étape de la vie de Madame de Montbrilliant fait l’objet de rumeurs et de médisances. Elle-même a peur de ce qu’on pourrait penser d’elle, c’est ce qui en partie la retient d’être infidèle puis la conduit à vivre retirée du monde.

p.917 : « Il est donc vrai que je fais l’histoire du jour et que je suis en butte à tous les mauvais propos, aux interprétations, aux injustices, aux plaisanteries ? »

Je trouve intéressant cette importance de la réputation pour deux raisons :

1) Rousseau insiste sur l’importance de la réputation des femmes, plus importante que la réalité. « L’homme, en bien faisant, ne dépend que de lui-même, et  peut braver le jugement public ; mais la femme, en bien faisant, n’a fait que la moitié de sa tâche, et ce que l’on pense d’elle ne lui importe pas moins que ce qu’elle est en effet ».

2) Beaucoup de jeunes filles de milieux populaires et de quartiers sensibles témoignent aujourd’hui de l’importance de la réputation. « Avoir une réputation » est parfois chez les adolescents synonyme de mort sociale, mais aussi cause de violences sexistes.

La réputation est donc un moyen d’abaisser, d’asservir les femmes