Catégories
figures-clés

[bio] Emily Dickinson

EDEmily Dickinson naît le 10 décembre 1830 à Amherst dans le Massachusetts (USA).

Issue de la tradition patriarcale. Emily reçoit l’éducation traditionnelle pour une jeune fille aisée de Nouvelle-Angleterre. Elle fréquente l’école primaire puis la Amherst Academy et s’épanouit dans son foyer auprès de ses parents de sa sœur Lavinia et de son frère Austin. Ils forment une famille très unie autour de la figure du père, Edward, un avocat en vu. Austin suivra ses traces et reprendra son cabinet. Ni Emily ni sa sœur ne se marieront, elles resteront dévouées à leur famille. Emily deviendra une tante attentionnée pour les enfants de son frère et soignera sa mère devenue invalide. C’est d’abord à sa famille, principalement à sa belle-sœur Susan, qu’Emily adresse ses poèmes.

Une recluse heureuse. Mis à part un an passé au séminaire féminin de Mount Holyoke, un voyage à Philadelphie et Washington en 1853 et une cure dans les environs de Cambridge dix ans plus tard, Emily ne quittera pas Amherst. A la fin des années 1860, elle refuse même d’aller au-delà du jardin de la maison familiale. Ceci, ajouté à son habitude de se vêtir toujours en blanc, ont contribué à sa mythologie. Un amour contrarié pour le révérend Charles Wadsworth pourrait être à l’origine de ce retrait du monde. Rien n’est confirmé, si ce n’est qu’Emily a toujours fait preuve d’amitié pour cet homme. Il faut cependant remarquer qu’au sein de son petit cercle de proches et d’amis, Emily fait preuve de bonne humeur et d’esprit, et n’est en aucun cas mélancolique ou morbide. Grâce aux relations de son père, Emily se lie avec des personnalités du monde religieux, politique ou littéraire. Benjamin Newton, stagiaire chez son père, va ainsi l’initier à la poésie en lui adressant notamment les œuvres d’Emerson en 1850, au début de ses activités de poète. En 1858 elle entame une correspondance avec Samuel Bowles, directeur du Springfield Daily Republican.

Publication posthume

This is my letter to the world,
That never wrote to me,–
The simple news that Nature told,
With tender majesty.
Her message is committed
To hands I cannot see;
For love of her, sweet countrymen,
Judge tenderly of me!

Samuel Bowles juge les poèmes d’Emily trop simples et irréguliers pour plaire. Emily est ainsi découragée de tenter de se faire éditer. Elle ne publiera que sept poèmes de son vivant. Elle entame cependant en 1858 une correspondance avec celui qui l’éditera après sa mort, Thomas W. Higginson. Egalement réticent à la publier, il lui prodigue des conseils et contribue ainsi à l’encourager. La guerre de Sécession (1861-1865) coïncide avec la période de création la plus prolifique : huit cent poèmes sur les presque 1800 que l’on comptera après sa mort. Beaucoup se trouvent dans des lettres adressées à ses proches.

Ses problèmes oculaires et une série d’événements familiaux dont le décès de son père expliquent le ralentissement de son activité poétique à partir de la fin des années 1860. La fin de sa vie est marquée par une série de décès, notamment son neveu âgé de huit ans, sa mère, et le juge Otis P. Lord qu’elle a pensé épouser. Emily est très éprouvée par ces deuils. Elle meurt en 1886.
Poems. Les premiers poèmes d’Emily sont donc publiés après sa mort en 1890. La critique les dédaigne, mais ils trouvent aussitôt un lectorat si bien qu’une seconde édition en 1891 et une troisième en 1896 ont lieu. Sa correspondance est également publiée en 1894. Les éditions se succèderont ensuite jusqu’à la première édition de ses œuvres complètes en 1855.

Réception.Les critiques d’aujourd’hui s’accordent à dire qu’Emily Dickinson était en avance sur son époque et avait anticipé en quelque sorte le vingtième siècle sur lequel elle a exercé une influence certaine.

Thématiques et style. La poétesse utilise des mots simples pour méditer sur des concepts métaphysiques comme la mort ou l’immortalité, ou encore la nature. Elle met en place un système très personnel de symboles et de références. Elle se distingue également par la forme et la technique choisies : les poèmes sont brefs, les rythmes inhabituels. Le lecteur est surpris par les ruptures ou le choix des mots. Des critiques ont reprochées à Emily la liberté qu’elle prenait avec la ponctuation (notamment l’utilisation du tiret) et la grammaire, mais il s’agit d’une part importante de son travail de création.

Féminisme.Les études féministes sont nombreuses et explorent différentes thèses. Certaines ont repéré des poèmes décrivant le rôle et le ressenti des femmes dans une société patriarcale. Ces études se concentrent sur les poèmes traitant de la vie domestique, de la liberté, de la rédemption et tentent de montrer qu’Emily Dickinson s’oppose aux conventions de son époque. D’autres études s’interrogent également sur son retrait du monde : on y voit tantôt un dévouement à sa vocation poétique tantôt une dénonciation de la société. D’autres études se concentrent sur les relations qu’Emily a entretenues avec ses contemporaines, certaines soulèvent la question de son homosexualité en s’appuyant notamment sur sa correspondance. D’autres études enfin interrogent ses difficultés à publier dans un monde masculin.

Bibliographie sélective

Vivre avant l’éveil, édition bilingue Arfuyen « textes anglais », Paris, 1989. Postface de Margherita Guidacci ;

Une chambre avec vue sur l’éternité, Claire Malroux, Gallimard, 2005 ;

Dickinson and the boundaries of Feminist Theory, Mary LOEFFELSHOLE, University of Illinois, 1991.
Pour aller plus loin :

http://www.online-literature.com/dickinson/
ttp://www.emilydickinsoninternationalsociety.org/
http://www.enotes.com/feminism-literature/dickinson-emily
http://www.earlywomenmasters.net/essays/

Ecrit par Daisy (28/05/09)

Catégories
figures-clés

[bio] Anne Brontë

Anne Brontë naît en 1820 à Thornton en Angleterre ; très peu de temps après sa naissance sa famille déménage à Haworth où son père est nommé pasteur.

La plus jeune de la fratrie. Anne est la dernière-née du révérend Brontë et de son épouse Maria, qui meurt en 1821. Elle n’a donc aucun souvenir de sa mère et est particulièrement proche de sa tante Elizabeth Branwell venue vivre avec les Brontë après le décès de sa sœur. Les quatre enfants survivants, Charlotte, Branwell, Emily et Anne grandissent ensemble dans le presbytère entre les sermons méthodistes de leur tante, les récits fantastiques de leur servante, et les livres de leur père. Une grande émulation existe au sein de la fratrie : ensemble, ils lisent les journaux, la Bible, Homère, Shakespeare, Milton, Byron ou Scott, inventent et écrivent des histoires d’aventures. Emily et Anne racontent les chroniques de Gondal, tandis que Charlotte et Branwell rédigent celles d’Angria. C’est sur Branwell, le fils unique, que reposent tous les espoirs de la famille, en particulier ceux du révérend. Branwell pourtant échouera dans toutes ses entreprises artistiques avant de sombrer peu à peu dans la débauche et la dépendance. Anne est particulièrement marquée par la déchéance de son frère et utilise cette épreuve pour créer le personnage d’Arthur Huntington dans son roman The Tenant of Wildfell Hall (La recluse de Wildfell Hall) publié en 1848.

Indépendance. Anne étudie de 1835 à 1837 à Roe Head, école tenue par Miss Wholer où sa sœur Charlotte enseigne. En 1839, désireuse de ne pas dépendre de son père, elle trouve un poste auprès de la famille Inghams à Blake halls. Elle travaillera ensuite auprès des Robinsons de Thorpe Green Hall, entre 1840 à 1845. Son frère Branwell occupera à partir de 1843 la fonction de tuteur auprès du fils de la famille. Malheureusement il s’éprend de la maîtresse de maison et doit quitter son poste auréolé d’un parfum de scandale. Anne démissionne peu après et retourne à Haworth.

Une carrière littéraire interrompue. Poussée par Charlotte qui a toujours nourri une ambition artistique, Anne, de même qu’Emily, utilise l’héritage de leur tante pour publier à compte d’auteur. Les trois sœurs font donc paraître un recueil en 1846 sous les pseudonymes de Currer, Ellys et Acton Bell, chacune prenant ainsi une identité masculine et ne conservant que ses initiales. Anne/Acton contribue à 21 poèmes du recueil. L’année suivante son roman Agnes Grey est édité, mais passe inaperçu à côté des Hauts de Hurlevent et surtout de Jane Eyre. Anne rédige cependant un second roman mais est diagnostiquée tuberculeuse en janvier 1849. Le mal vient d’emporter sa sœur Emily. Elle décide d’un voyage à la mer avec sa sœur et une amie pour se soigner ; elle meurt en mai 1849 à Scarborough où elle est enterrée.

Agnès Grey

Rédaction et sujet. Agnès Grey paraît en 1847 sous le pseudonyme d’Acton Bell. Le roman raconte l’initiation de l’héroïne éponyme qui, désireuse de ne pas demeurer à la charge de sa famille ruinée par une spéculation, trouve un emploi de gouvernante auprès des Bloomfield, puis des Murray. Elle découvre ainsi la vie des gens fortunés : les incohérences en matière d’éducation, l’hypocrisie, la vanité des prétentions…

Réception et féminisme. Le roman est d’abord passé inaperçu face au roman de Charlotte Jane Eyre paru la même année. Il a en effet pâti de la comparaison avec les romans de ses sœurs parus la même année, ou a été réduit à un simple récit autobiographique. Pourtant, si Anne Brontë utilise son expérience en tant que gouvernante, on ne peut pas parler d’autobiographie.
Avec le temps la critique va distinguer ce texte de la série de romans de gouvernantes parues à la même époque parce qu’il possède des thématiques originales, notamment une critique de la société victorienne et de son culte de la vie domestique. La technique narrative est également remarquée. En 1924 Georges Moore rend hommage à Agnes Grey: « The one story in English literature in which style, characters and subject are in perfect keeping ».
La critique féministe retient essentiellement le combat féminin pour acquérir son indépendance et une reconnaissance dans la société, ainsi que la critique sociale. Anne Brontë n’a cependant ni revendications ni projet féministe.

Bibliographie sélective

Agnes Grey, The Modern Library, 2003.
The Tenant of Wildfell Hall, Penguins Books GB, 2007.
Elizabeth Langland, Anne Brontë. The Other One, Barnes and Noble books.
Edward Chitham, A life of Anne Brontë, Blackwell Publishing, 1993.

Filmographie

Les sœurs Brontë, André Téchiné, 1979.

Pour aller plus loin

http://www.online-literature.com/brontea/
http://www.kirjasto.sci.fi/abronte.htm
http://www.enotes.com/nineteenth-century-criticism/grey-agnes

Ecrit par Daisy (21/05/09).

Catégories
discussions

[club] Balzac, Les Chouans – Destinée incomplète des femmes

[photopress:chouans03.jpg,thumb,pp_image]Je pense que notre Bookclub se doit de relever ce passage concernant la condition féminine :

« Si je viens à penser que je suis seule, dominée par des conventions sociales qui me rendent nécessairement artificieuse, j’envie les privilèges de l’homme. Mais, si je songe à tous les moyens que la nature nous a donnés pour vous envelopper, vous autres, pour vous enlacer dans les filets invisibles d’une puissance à laquelle aucun de vous ne peut résister, alors mon rôle ici-bas me sourit; puis, tout à coup, il me semble petit, et je sens que je mépriserais un homme, s’il était la dupe de séductions vulgaires. Enfin tantôt j’aperçois notre joug, et il me plaît, puis il me semble horrible et je m’y refuse ; tantôt je sens en moi ce désir de dévouement qui rend la femme si noblement belle, puis j’éprouve un désir de domination qui me dévore. Peut-être, est-ce le combat naturel du bon et du mauvais principe qui fait vivre toute créature ici-bas. Ange ou démon, vous l’avez dit. Ah! ce n’est pas d’aujourd’hui que je reconnais ma double nature. Mais, nous autres femmes, nous comprenons encore mieux que vous notre insuffisance. N’avons-nous pas un instinct qui nous fait pressentir en toute chose une perfection à laquelle il est sans doute impossible d’atteindre. Mais, ajouta-t-elle en regardant le ciel et jetant un soupir, ce qui nous grandit à vos yeux…
– C’est?… dit-il.
– Hé bien, répondit-elle, c’est que nous luttons toutes, plus ou moins, contre une destinée incomplète. »

Il y a à mon avis plusieurs façons de comprendre cette « destinée incomplète »
Incomplet car elle n’est pas un homme, incomplet car c’est le destin de l’être humain, incomplet parce que la société interdit aux femmes de s’accomplir. C’est en quelque sorte la problématique que nous soulevons depuis plusieurs années.

J’ajoute qu’au début du dialogue Marie soulève toutes les remarques que j’ai faite sur la figure de l’espionne : supèrieure car pleines de charmes cachés, mais méprisante et vile…

Catégories
discussions

[club] Balzac, Les Chouans- Révolution, passions, tragédie

[photopress:chouans.gif,thumb,pp_image]La Révolution est en arrière-plan. Elle est sur sa fin (après le 18 Brumaire, la France entre dans une autre ère, l’échec des Vendéens et des Chouans est une évidence depuis l’échec de Charrette, Montauran dans le roman ne parvient d’ailleurs pas à unir les chefs).

En outre, la Révolution est meurtrière (il y a des massacres dans le roman), violente. J’ai compté rapidement les mots « violent » et « violence » apparaissent 30 fois dans le roman (l’adjectif 14 fois et le nom 16 fois) la plus part du temps associé aux sentiments, aux désirs ou à la passion.

C’est en effet la passion qui intéresse Balzac, bien plus que la cause et c’est elle qui occupe le premier plan et non pas les batailles ou les débats politiques (puisque sur ce point tout est déjà joué). J’ai également rapidement compté 63 occurrences du mot « passion » dans le roman. C’est elle qui dirige l’action, c’est elle qui explique la violence de la Révolution

La passion dirige les trois principaux personnages (Marie, Montauran, Mme du Gua). C’est par amour, par vengeance ou par jalousie qu’ils s’agissent ainsi et non pas dans l’intérêt de la cause. Ils n’usent pas de raison ou de stratégie : ils se mettent en danger, voire se jettent dans la gueule du loup… Corentin, lui, calcule et n’est pas guidé par la passion. Ainsi Marie lui dit : « Vous avez le coeur sec, Corentin. Vous pouvez établir de savantes combinaisons sur les événements de la vie humaine, et non sur ceux d’une passion. Voilà peut-être d’où vient la constante répugnance que vous m’inspirez. »
La note de la page 193 attire notre attention sur ce rôle de la passion et explique que c’est la volonté de Balzac que d’en faire le maître de ses personnages. La passion est donc centrale dans le roman .

Autre élément central  la fatalité. L’amour de Marie et de Montauran est condamné dès le départ, de même que la révolte des Chouans (on l’a dit quand le roman commence la Révolution est finie). Le ressors du récit est l’amour impossible : à chaque fois qu’ils se rencontrent, l’un a l’impression que l’autre se joue de  lui.  C’est seulement dans la mort qu’ils sont réunis et là aussi que s’arrête le récit.
Passion et Fatalité sont les deux éléments qui font du roman une tragédie. Dès le début d’ailleurs  Marie se pose en héroïne de tragédie (p.88).

Catégories
discussions

[club] Olympe de Gouges – Devenir de sa pensée

[photopress:gouges.jpg,thumb,pp_image]Sophie Mousset explique qu’Olympe (p.122-23) a failli être oubliée parce que sa pensée ne convenait pas au siècle suivant prônant les valeurs bourgeoises de la famille et de la maternité. En effet ses écrits sur le mariage ne correspondent pas à « un XIXème rétrograde » prônant le bonheur conjugal. Olympe ne cadre pas avec l’image des femmes victoriennes que nous avons vus car elle ne conçoit pas l’inégalité même dans le cadre de l’amour…
Il semble donc que le XIXème ait ralenti la libération des femmes… Je trouve que cette hypothèse nous permet de jeter un nouveau regard sur le travail accompli par notre bookclub…

De plus Sophie Mousset termine son ouvrage par une invitation à reconnaître le travail d’Olympe. Et bien voilà, notre bookclub l’a fait !

Catégories
discussions

[club] Olympe de Gouges – Critique du mariage

[photopress:MOdG__Mettais_03_11_1793__.jpeg,thumb,pp_image]p.24 : « Le mariage est le tombeau de la confiance et de l’amour ». On retrouve un thème présent dans notre bookclub depuis le début : le mariage (. Il est dénoncé comme une institution responsable de l’aliénation des femmes, il est dénoncé car il est inégalitaire. Olympe de Gouge a parfaitement conscience qu’il fragilise les femmes ne se contente pas de le dénoncer, elle propose des solutions pour le réformer et corriger l’inégalité Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne p.25).
Je m’arrête un instant sur cette question du mariage. Qu’est-ce que les autres auteurs proposaient face à ce problème ?
Le mariage d’amour (Austen, Brontë, Alcott, Eliott) avec le compromis idyllique (et assez hypocrite avions-nous vus) des romans victoriens.
La fuite (Browning, Woolf, Beauvoir) car la femme ne peut plus être l’égale de l’homme si elle est mère et épouse.
Une intervention politique (Moller Okin).
C’est de cette dernière solution qu’Olympe est la plus proche. C’est à mon avis une preuve de sa modernité. De même, aujourd’hui en France, il ne semble pas naturel qu’un enfant porte ou le nom de son père ou celui de sa mère… Pourtant Olympe le propose.
Cela m’amène directement au poste suivant

Catégories
discussions

[club] Olympe de Gouges – Grandeur

[photopress:jpg_bastille.jpg,thumb,pp_image]Ce n’est pas d’être une femme, ce n’est pas d’avoir défendu les femmes, c’est d’avoir toujours voulu la paix et refusé les excès qu’ils viennent du roi ou de la Montagne. Ainsi elle a défendu le roi contre ses accusateurs, et dénoncé le despotisme naissant de Robespierre.
Elle dit en effet (à la page 12 de l’ouvrage de Sophie Mousset) : p.12 : « Il est dans mon caractère de me ranger dans le parti du plus faible et de l’opprimé. Je ne trouve nullement méritoire ni courageux à cinq cents ou mille personnes d’égorger un seul citoyen sans défense ». C’est là toute sa grandeur.

Catégories
discussions

[club] Olympe de Gouges – Unité des femmes

[photopress:mouset.jpg,thumb,pp_image] Ce qui est frappant et dans l’histoire d’Olympe et dans ses écrits, c’est la désunion des femmes. Les femmes ne font pas front ensemble, ne revendiquent pas la même chose, se mettent des bâtons dans les roues…
Ainsi Sophie Mousset évoque des révolutionnaires qui ont fait d’autres choix qu’Olympe ( p.112 : Claire Lacombe, Pauline Léon). Elle explique aussi qu’Olympe a été critiquée par des femmes.
Olympe à son tour ne manque pas de dénoncer la coquetterie des femmes et reconnaît une certaine culpabilité des femmes dans leur sort. P.21 : « Les femmes ont fait plus de mal que de bien ».
Ce manque d’unité des femmes va à mon sens soutenir et la singularité d’Olympe et la thèse universaliste. Ce n’est pas le sexe qui fait la différence… Si c’était le sexe, alors ou toutes les femmes se plairaient dans la soumission ou toutes se révolteraient, mais on ne remarqueraient pas une infinité de différences…

Catégories
discussions

[club] Olympe de Gouges – Egalité des sexes, égalité des êtres humains

[photopress:MOdG_AN_affiche__OdG_au_Trib_rev__photo_ERV_.jpg,thumb,pp_image]Je pense qu’il est important de préciser compte tenu de nos discussions précédentes qu’Olympe de Gouge n’est pas communautariste. Elle ne réclame pas des droits pour les femmes en tant que femmes, mais elle réclame pour les femmes les mêmes droits que les hommes. Elle corrige le faux universalisme de la déclaration des droits de l’homme pour proposer les droits de l’humain.
Elle n’a pas lutté pour les femmes, mais pour l’égalité. C’est pourquoi elle s’est aussi intéressée aux esclaves (remarquons, et un siècle plus tard Adam Smith le notera aussi,qu’elle a été vite suivi sur la question de l’esclavage mais pas sur celle du sexe).

Catégories
discussions

[critique] 1973-2008 : Du côté des petites filles…

[photopress:Shu_Belotti_cote_petites_filles.jpg,thumb,pp_image]En 1973, Elena Gianni Belotti publie une étude absolument novatrice tant par son sujet que par ses conclusions. Elle entend montrer que la différence sexuelle n’a rien d’inné mais qu’elle est construite dans les premières années de l’enfant, et même in utero, par les comportements des adultes, comportements qui varient en fonction du sexe de l’enfant et visent ainsi à faire se conformer le caractère et les actions des enfants aux stéréotypes de leur genre (petites filles sages, petits garçons actifs, petites filles maternelles, petits garçons courageux etc.). Ainsi un garçon passif sera incité à l’action, quand une petite fille passive sera encouragée dans cette voix…
Dans Quoi de neuf chez les filles ?, les sociologues Baudelot et Establet se proposent de se demander ce qui a changé depuis 1973. Ils se montrent plutôt optimistes, la société ayant en effet évolué depuis : aujourd’hui, les filles réussissent mieux à l’école, font des études, travaillent. Les parents ne sont plus aussi désireux d’avoir un garçon.
Mais les filles doivent faire face à des inégalités dans le monde du travail, et des stéréotypes demeurent. Les causes de ces inégalités et de ces stéréotypes ne sont pas clairement identifiées. Les sociologues refusent l’engagement clairement féministe de Belotti. Je trouve qu’implicitement ils donnent l’impression qu’il y aurait une différence irréductible entre les sexes et refusent la distinction entre le sexe et le genre…
Au détour du chapitre V, ils lancent une idée intéressante: partant de la remarque que garçons et filles ont maintenant leur premier rapport au même âge, ils s’interrogent sur la signification de cette réduction d’écart et notent que ce n’est peut-être moins le signe de l’émancipation des filles que celui d’un alignement sur le modèle masculin dominant… Cela m’a tout suite fait penser à Belotti: elle explique que les parents acceptent davantage que les filles se comportent comme des garçons, et c’est en effet cette tendance qui s’est accentuée comme le remarque Baudelot et Establet (on habille les filles en bleues, mais pas les garçons en rose…) : les femmes se sont mis à travailler comme les hommes, mais pas les hommes a faire les tâches ménagères des femmes…Or Belotti met en garde contre cette « masculinisation » des filles, cette tendance participant en effet à la dévalorisation de tout ce qui peut être féminin… Ainsi encourage-t-elle à développer l’affectivité des garçons (p. 67, éd. des femmes).
C’est cette idée qu’exploitent les féministes communautaristes en prônant la spécificité des femmes, en valorisant les qualités féminines… Nous en reparlerons sûrement avec Carol Giligan.
J’ai, pour ma part, tendance à me mettre du point de vue de l’individu… et pense ainsi que si des femmes ont voulu « faire comme les hommes » en matière de travail et de pensée, c’est parce que cela leur paraissait plus intéressant… Plus intéressant de disserter sur Descartes, d’écrire des poèmes ou de diriger une entreprise que de laver la vaisselle et passer l’aspirateur… Maintenant il ne me paraît pas impossible de préférer le contraire, et à mon avis il y a aussi des hommes dans ce cas. Donc, oui, développons l’affectivité des garçons pour leur permettre de choisir ce qui leur plaît et de ne pas être enfermé dans un stéréotype (mâle = viril = …).
Au final, je retrouve Butler : il y a des femmes avec des caractères masculins, des hommes avec des caractères féminins….