Le cas de Mélanie Klein, comme avant celui de Marie Bonaparte ou d’Anna Freud, nous oblige à remarquer que la psychanalyse compte beaucoup de femmes parmi ces pionniers, en particulier dans l’entourage de Freud. On pourrait répondre que c’est parce qu’elle est née avec les mouvements d’émancipation des femmes à la fin du XIXème siècle…. Mais cela me parait insuffisant. Il me paraît remarquable de voir le nombre de femmes qui ont choisi la psychanalyse, qui ont pu s’émanciper grâce à elle… La psychanalyse serait-elle moins sexiste ou en d’autres termes est-elle moins touchée par la domination masculine (au sens de Bourdieu)? Si oui, alors on ne peut pas l’accuser de définir les femmes comme inférieures. L’enjeu est énorme!
D’autre part peut-on dire qu’il y a une spécificité de la psychanalyse qui la rend plus adaptée aux femmes? Les femmes font-elles de meilleures analystes? Kristeva dans sa biographie de Mélanie Klein suggère que oui en raison du rôle maternel de l’analyste. Mais n’a-t-on pas tous, hommes ou femmes un côté féminin?
Je n’ai pas de réponse, juste quelques éléments. D’abord je pense qu’il faut faire attention aux préjugés. Comme quoi les femmes écouteraient mieux etc. Ensuite, il me paraît évident que Mélanie Klein ou Anna Freud ont profité de la nouveauté, du fait que la psychanalyse n’était pas encore reconnue. Il n’était pas question pour elle de devenir médecin, mais la psychanalyse c’était différent… Marie Bonaparte a pu s’y intéresser car cela était vu comme un hobby et pas comme un métier. Enfin, je ne peux que remarquer que Freud ne s’est pas opposé à l’admission des femmes dans les cercles de psychanalyse. Au contraire en encourageant la psychanalyse profane, par des non médecins, il a permis aux femmes de devenir plus vite analystes.
Auteur/autrice : Daisy
Anna Freud a du se battre pour que sa spécialité, la psychanalyse des enfants, soit reconnue et ait droit à la même dignité que la psychanalyse de adultes.
Pourquoi ce mépris ?
Tout d’abord, les grandes représentantes de la psychanalyse des enfants, Anna Freud et Mélanie Klein, ne sont pas médecins. Elles doivent donc d’abord se faire accepter comme profanes.
Ensuite, elles sont des femmes et elles doivent donc combattre un certain sexisme, même s’il est voilé.
De plus, le domaine des enfants est un domaine qui relève du féminin. On ne peut pas (en tout cas je ne peux pas) s’empêcher de penser que ce domaine est mépriser en raison d’un mépris du féminin.
Je trouve ce concept d’Anna Freud particulièrement intéressant. C’est le fait de vivre par procuration : le moi se défend contre l’angoisse en abandonnant ses ambitions pour celles d’un autre.
Cela m’a fait penser à toutes les théories qui mettent en avant la bonté et l’empathie des femmes….
Pourrait-on montrer que les femmes sont poussées à des soumissions altruistes par les conditions dans lesquelles on les élève ? Peut-on « prédestiner » à des mécanismes de défense ?
D’autre part doit-on se méfier de l’altruisme ? Des mères et des gouvernantes qui vivent par procuration ?
Ceci ouvre une réflexion sur le travail social, l’aide….
D’après la biographe officielle Elizabeth Young-Bruehl, Anna Freud a sublimé ses penchants homosexuels dans son oeuvre. Elle a pu grâce à la sublimation renoncer à la sexualité. Sa relation avec Dorothy était de l’ordre de l’amitié.
Cela me paraît une version plausible.
Qu’elle est menti parce que l’homosexualité était mal vue, surtout chez les psychanalystes, ne paraît pas non plus complètement impossible.
Cela ne me paraît surtout pas si important.
Il y a autant de préjugés à refuser absolument son homosexualité qu’à refuser absolument sa chasteté.
Je ne trouve pas correct d’en faire la porte parole du mariage pour tous ou de l’homoparentalité, car ce n’était pas ses combats. Je ne dis pas qu’elle était contre, juste que c’est anachronique et incorrect.
Par contre on peut remarquer qu’après s’être opposé à son père sur la question de l’homosexualité, elle finit par se ranger à son avis et à ne pas condamner l’homosexualité (p.327)
Comme la question du père, la question de l’homosexualité d’Anna Freud nous empêche d’une lecture en profondeur de son oeuvre. C’est une manière de dévaluer son travail, et je trouve cela dommage. Je dois remarquer que cela arrive souvent quand les penseurs/artistes/ psychanlystes sont des femmes… C’est une façon courante de faire passer les femmes au second plan.
(club) Anna Freud : Masculine?
La biographe insiste beaucoup sur la masculinité d’Anna Freud (p.75). Elle se réfère pas à la théorie freudienne selon laquelle le masculin et le féminin coexiste chez chacun. Les filles pour devenir femmes devront accepter la blessure narcissique et renoncer au phallus, sinon elles vivront un complexe de masculinité. Anna n’est pas un complexe de masculinité. Ou si ?
Je pense qu’Anna, comme d’autres femmes psychanalystes, sont des remparts à des interprétations trop simplistes ou conservatrices de la psychanalyse quant à la castration ou à l’envie de pénis. Anna est ainsi tout à fait disposée (p.430) à reconnaître que certaines remarques de son père étaient liées à des phénomènes sociaux comme l’exclusion des femmes du monde du travail.
Elle refuse simplement de penser que les différences entre les hommes et les femmes ne sont que le produit de la société. Pour les freudiens, la différence des sexes est radicale et les deux sexes souffrent de l’impossibilité d’être l’autre sexe.
Cependant ce qui est dérangeant avec cette insistance sur le côté masculin d’Anna, c’est cette impression que ce qui est positif (la sublimation, la création, l’action…) est masculin quand ce qui est négatif est féminin.
[club] Anna Freud – La fille de
C’est un lieu commun, mais il est difficile de commencer à parler d’Anna Freud sans commencer par signaler qu’elle est la fille de Sigmund Freud.
C’est un élément important de sa biographie.
Parce qu’elle est la fille de Freud, elle a très tôt entendu parler de psychanalyse et a facilement été introduit auprès de psychanalystes.
Parce qu’elle est la fille de Freud, elle a été analysée par Freud.
Parce qu’elle est la fille de Freud, elle a hérité des papiers de Freud, de la gestion de sa découverte… Parce qu’elle est la fille de Freud sans doute, elle a parlé en son nom après sa mort, s’est efforcé de défendre son héritage.
Cependant il serait très injuste de s’arrêter là. Anna Freud était beaucoup plus que la fille de Freud.
1°) Elle était une des filles de Freud, une des enfants de Freud. Elle n’était ni l’unique, ni la favorite. Elle n’avait même pas été désirée.
2°) Elle n’a pas été choisie pour hériter, elle n’a pas été forcée à la psychanalyse. Elle a choisi seule la psychanalyse, ce que ses frères et soeurs n’ont pas fait. Elle a mené une vie très active, a lié sans cesse pratique et théorie. Elle a pris des décisions, fait des choix…. Je pense que suivre son père, le défendre était un choix conscient
3°) Elle a enrichi la psychanalyse. Elle a apporté de nouveaux concepts, a développé la psychanalyse des enfants. Elle a fait bien plus que protégé la théorie de son père.
4°) Peut-être que si le père n’était pas si important en psychanalyse, on soulignerait moins qu’Anna Freud est la fille de Freud…. Je pense que ce serait mieux parfois… Il faut un peu laisser tomber la symbolique du père et se concentrer sur Anna, son travail, ses découvertes.
4°)
Le cas d’H.D, comme le souligne Elisabeth Roudinesco dans sa préface, pose deux questions à la psychanalyse :
1) Comment rendre compte de l’homosexualité ou de la bisexualité? Dans la théorie freudienne comme dans la théorie kleinnienne, ce sont des perversions. Freud pourtant n’éprouve pas le besoin de guérir H.D de sa bisexualité… Il se montre tolérant, mais il ne peut pas l’expliquer.
2) Comment psychanalyser des artistes? La création artistique est déjà un moyen de sublimation, les artistes ne sont donc pas des patients comme les autres. HD attache de l’importance à travailler avec un analyste qui respecte sa création (p.199)
[club] Marie Bonaparte – Oeuvre
J’ai fait une recherche rapide et il me semble que les ouvrages de Marie Bonaparte ne sont pas disponibles (En occasion, on doit pouvoir trouver Sexualité de la femme et Topsy, les raisons d’un amour)
C’est dommage. Cela réduit son rôle à celui de princesse et traductrice de Freud, alors qu’elle était aussi analyste
La découverte de la psychanalyse est pour Marie une révélation. La psychanalyse va donner un sens à sa vie, lui permettre de s’épanouir, d’utiliser son intelligence et son énergie.
D’autre part, être psychanalysée va l’aider à dépasser ses névroses, à pouvoir mieux comprendre son passé et assumer ses contradictions (frigidité, amours adultères, besoin d’utiliser son intelligence….). Elle peut ainsi être heureuse et faire quelque chose de sa vie. Le cas de Marie illustre le but de la psychanalyse : rendre la vie possible. Marie va choisir de réinvestir ce que la psychanalyse lui apporte (énergie, équilibre…) dans la psychanalyse, mais d’autres patients pourront faire d’autres choix et le réinvestir dans une autre activité.