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[club] Frances Hodgson Burnett – Little Princess : Féminisme de l’oeuvre

Sara serait-elle la plus féministe de toutes nos héroïnes ? Je pense que tu serais tenter de dire oui car le roman ne présuppose pas de son avenir… Sara deviendra peut-être une parfaite épouse (vue la relation qu’elle noue avec les rares hommes du roman on devine qu’elle sera une grande séductrice) ou bien un professeur… On sait seulement qu’elle sera toujours a real princess ! C’est en effet un point féministe. Mais moi, et ma presque fameuse lecture contextuelle, je pense que ce qu’il y a de plus féministe dans ce livre c’est qu’il est écrit par une femme en 1905 et ne contient presque que des personnages féminins.
J’aimerais poser deux questions en lien avec notre thème :

Est-ce que le livre aurait pu être possible avec une Sara adulte ou adolescente ?
Je pense qu’en 1905 non. Il aurait fallu parler de mariage… Je pense que Frances Burnett utilise une enfant rêveuse très mature pour dire ce que les femmes ne pourraient pas dire… Bien sûr c’est aussi parce que l’enfant peut rêver et imaginer et que les adultes hommes ou femmes n’en ont plus le droit selon la société bien-pensante… Sara est une enfant quelque part elle est neutre. C’est aussi une stratégie pour s’adresser et eux hommes et aux femmes.

Est-ce que le livre est destiné aux petites filles ?
Je pense que si on répond oui on fait preuve de misogynie. Pourquoi l’exemple de Sara ne pourrait-il pas être montré aux garçons ? Est-ce que la bonté est réservée aux femmes ? Sara est une enfant quelque part elle est neutre… Voir ci-dessus.

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[club] Frances Hodgson Burnett – Little Princess : Sara

Elle est parfaite cette petite Sara : intelligente, juste, poète, charitable… Une véritable princesse !
J’aime bien le message : à force d’être bon ça finit par payer. Il ne faut pas céder face à la méchanceté et tomber dans la spirale de la haine et de la mesquinerie. J’aime bien voir que la bonté de Sarah est contagieuse. A la fin la boulangère influencée par l’exemple de Sara fait le bien…

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[club] Louisa Mary Alcott – Little Women : Adaptations

L’oeuvre et sa suite ont fait l’objet de trois adaptations au cinéma, et d’une à la télé. Je les ai vues. Et c’est la plus récente que je préfère. C’est la plus féministe. Les actrices sont sublimes, l’esprit est fidèle au roman : léger mais avec un message très sérieux. Je partage l’avis de Janet Maslim dans le New-York times « Stirring up a flurry of familial warmth, Ms. Armstrong instantly demonstrates that she has caught the essence of this book’s sweetness and cast her film uncannily well, finding sparkling young actresses who are exactly right for their famous roles. The effect is magical. And for all its unimaginable innocence, the story has a touching naturalness this time. “

1933 George Cukor (avec Katharine Hepburn)
1949 Mervyn Leroy
1979 David Lowell Rich (TV)
1994 Gillian Amstrong (avec Winona Ryder et Susan Sarandon)

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[club] Louisa Mary Alcott – Little Women : Suite

Louisa May Alcott a écrit une suite : Good wives et Jo’boys. On pourrait la mettre au programme ? Elle correspond plus à notre thème d’ailleurs

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[club] Louisa Mary Alcott – Little Women : Une scène osée ??

’attire l’attention sur la scène d’amour finale entre Meg et John. Comme ça lue vite fait elle n’a l’air de rien mais je trouve qu’il y a une grande liberté dans le ton et une certaine sensualité chez Meg découvrant son pouvoir de séduction… Il y a aussi de l’ironie face à ses prétentions romantiques : non John ne réagit pas comme un héros de roman et pourtant il leur ressemble…
Je donnes ici la scène . Maintenant c’est peut-être moi qui ai les idées mal placées ou simplement le recul historique qui me fait poser des yeux moqueurs sur une scène historique …dans ce cas je m’en excuse… Mais tu avoueras qu’il y a de l’humour dans cette semaine (et même de l’ironie…)

« How can I be afraid when you have been so kind to Father?
I only wish I could thank you for it. »

« Shall I tell you how? » asked Mr. Brooke, holding the small
hand fast in both his own, and looking down at Meg with so much
love in the brown eyes that her heart began to flutter, and she
both longed to run away and to stop and listen.

« Oh no, please don’t, I’d rather not, » she said, trying to
withdraw her hand, and looking frightened in spite of her denial.

« I won’t trouble you. I only want to know if you care for
me a little, Meg. I love you so much, dear, » added Mr. Brooke
tenderly.

This was the moment for the calm, proper speech, but Meg
didn’t make it. She forgot every word of it, hung her head, and
answered, « I don’t know, » so softly that John had to stoop down
to catch the foolish little reply.

He seemed to think it was worth the trouble, for he smiled
to himself as if quite satisfied, pressed the plump hand
gratefully, and said in his most persuasive tone, « Will you try and
find out? I want to know so much, for I can’t go to work with
any heart until I learn whether I am to have my reward in the end
or not. »

« I’m too young, » faltered Meg, wondering was she was so
fluttered, yet rather enjoying it.

« I’ll wait, and in the meantime, you could be learning to
like me. Would it be a very hard lesson, dear? »

« Not if I chose to learn it, but. . . »

« Please choose to learn, Meg. I love you to teach, and this
is easier than German, » broke in John, getting possession of the
other hand, so that she had no way of hiding her face as he bent
to look into it.

His tone was properly beseeching, but stealing a shy look
at him, Meg saw that his eyes were merry as well as tender, and
that he wore the satisfied smile of one who had no doubt of his
success. This nettled her. Annie Moffat’s foolish lessons in
coquetry came into her mind, and the love of power, which sleeps
in the bosoms of the best of little women, woke up all of a
sudden and took possession of her. She felt excited and
strange, and not knowing what else to do, followed a
capricious impulse, and, withdrawing her hands, said petulantly,
« I don’t choose. Please go away and let me be! »

Poor Mr. Brooke looked as if his lovely castle in the air
was tumbling about his ears, for he had never seen Meg in such
a mood before, and it rather bewildered him.

« Do you really mean that? » he asked anxiously, following
her as she walked away.

« Yes, I do. I don’t want to be worried about such things.
Father says I needn’t, it’s too soon and I’d rather not. »

« Mayn’t I hope you’ll change your mind by-and-by? I’ll
wait and say nothing till you have had more time. Don’t play
with me, Meg. I didn’t think that of you. »

« Don’t think of me at all. I’d rather you wouldn’t, » said
Meg, taking a naughty satisfaction in trying her lover’s patience
and her own power.
He was grave and pale now, and looked decidedly more like
the novel heroes whom she admired, but he neither slapped his
forehead nor tramped about the room as they did. He just stood
looking at her so wistfully, so tenderly, that she found her
heart relenting in spite of herself. What would have happened
next I cannot say, if Aunt March had not come hobbling in at
this interesting minute.

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[club] Louisa Mary Alcott – Little Women : Un microcosme

J’aime aussi le microcosme formé par les quatre filles. Elles ont toutes des caractères différents qui ne sont pas encore déterminés, elles peuvent encore basculer du côté obcur (Cf. chap. 4).
Et c’est dans l’épreuve, en l’absence du père (…) qu’elles vont grandir et devenir des femmes…

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[club] Louisa Mary Alcott – Little Women : Féminisme dans l’oeuvre

A première vue, si on lit ou plutôt relit l’œuvre rapidement, le roman n’a non seulement pas l’air féministe mais il a surtout l’air réac et on est prêt à hurler contre les mères (à commencer par les nôtres comme toujours) de mettre un tel roman dans les mains des petites filles. Il est vrai que sans précaution aucune ce roman a l’air d’une promotion pour la maternité la femme au foyer les valeurs familiales, couture, cuisine et bons sentiments…Pourtant l’auteure était une militante pour le droit de votes des femmes. Où est l’erreur ?
Je pense qu’il faut replacer l’œuvre dans son contexte historique comme nous y invite Virginia Woolf dans Les femmes et le roman ou dans Une chambre à moi. Et là on retombe sur mon leitmotiv dans ce bookclub (maintenant je n’hésite plus depuis que j’ai vu que je pouvais l’appuyer sur Woolf…) : c’est le geste qui est féministe. A l’époque de Louisa May Alcott il n’est plus étonnant qu’une femme écrive un roman (quoique…) mais écrire un roman qui parle des femmes entre elle… C’est presque scandaleux car cela n’a aucun intérêt. Et oui que peuvent les pauvres femmes ? Et c’est précisément le choix du roman : montrer que les femmes seules peuvent vivre et être heureuses. Le roman présente la famille March à l’époque où le père est absent. C’est la guerre. Et c’est bien connu c’est en cette période que les femmes doivent se débrouiller seules et peuvent ainsi s’affirmer.
C’est ce que font Mrs March et ses filles.
Alors en entrant dans le roman, on retrouve pleins de thèmes féministes : la mère peut élever seule ses enfants, les femmes peuvent travailler (avec le retour du thème de la gouvernante p. 125), les femmes ont droit au bonheur et pour cela elles ont le droit de se marier ou de ne pas se marier ( p. 92), désir d’indépendance de Jo (p. 145). C’est bien sûr au personnage de Jo que va la sympathie du narrateur : c’est elle la féministe qui déclare ne pas vouloir se marier, veut écrire faire de la politique et regrette de ne pas être un garçon pour avoir une vie plus drôle et passionnante (p.4/ cela explique pourquoi Louis May Alcott parle de sa vie : elle n’a pas d’autres expériences. Virginia Woolf le remarque dans son article « Les femmes et le roman » p. 84 : les femmes n’ont qu’une expérience réduite d’où un choix de thèmes réduits dans leur roman).
Mrs March elle aussi est une femme libérée : elle prend sa vie en main et invite ses filles à faire de même (en leur offrant le livre du pèlerin), elle le reconnaît le droit au bonheur. Sa modernité est flagrante quand on la met en contraste avec Tante March qui incarne le monde ancien où on doit faire de bons mariages et avoir l’air d’une demoiselle. Mrs March combat la vanité et la coquetterie chez ses filles (essentiellement chez Meg et Amy). Les féministes d’aujourd’hui y verraient là un combat contre la dictature de la mode qui veut transformer la femme en objet sexuel… N’allons pas si loin et laissons Mrs March dans son époque. Elle est d’abord une chrétienne qui défend la vérité contre la vanité, mais en dégageant ses filles de la mode et de la coquetterie elle les libère des préjugés et des stéréotypes, elle leur permet d’être elle-même et pas des poupées (Cf. épisode où Meg goes to vanity fair chap. 9). Il y a donc bien du féminisme : Mrs March affirme que ses filles ont par elle-même une valeur et n’ont pas de rôle à jouer.
Donc ce roman est féministe pour son époque. On y retrouve la fameuse match point, mais aussi celui de la femme écrivain et une idée nouvelle semble ici introduite : être soi-même./
Personnellement j’ai toujours aimé ce roman pour ce message de liberté. J’aurais bien voulu avoir mrs March pour mère…

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[club] Emily Dickinson – Poems : La passion amoureuse

« Si Emily Dickinson s’inscrit dans la lignée des grands poètes de l’amour, une lecture attentive de tous les poèmes des cahiers laisse percevoir que la passion est néanmoins loin d’occuper tout l’être du poète. Dans cette période troublée de son existence, au seuil de la maturité, on l’y voit partagée entre désir de jouissance et consentement à la solitude. La passion, par son impossibilité même, l’incite à méditer sur le mariage, en tant que symbole de fusion entre deux êtres, à prendre ses distances vis-à-vis de ce qu’elle considère au terme de sa réflexion comme une utopie (il faut lire au second degré les poèmes où l’on croit déceler une nostalgie quelconque) et à le projeter dans un avenir intemporel : « Mariage nouveau, / Par des Calvaires d’Amour – légitimé ». L’accomplissement de l’amour dans le temps – quand bien même les circonstances s’y seraient prêtées – n’est pas une solution pour cette sœur d’Emily Brontë, non plus que pour la Catherine Earnshaw des Hauts de Hurlevent.
On peut même se demander si la passion n’est pas une concession du poète au romantisme, un thème littéraire dont cette lectrice avide des Brontë, des Hauts de Hurlevent mais aussi de Jane Eyre et, dans son pays, de Longfellow, s’est emparée pour y couler son mal de vivre dans un temps déserté par l’absolu. Ceci expliquerait qu’à l’intérieur de chaque cahier elle puisse abandonner assez aisément la posture de poète-amante pour se livrer à la spéculation, à l’exploration d’états extrêmes ou à des activités plus ludiques de la poésie. »

Claire Malroux, Préface à E. Dickinson, Une âme en incandescence

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[club] Emily Dickinson – Poems : We never know

We never know we go when we are going –
We jest and shut the Door –
Fate – following – behind us bolts it –
And we accost no more –

Ce court poème, justement parce qu’il est bref, me semble illustrer l’idée d’irréversibilité propre à toute séparation définitive (et, par conséquent, à la mort). A travers une seule image, celle de la porte qui se ferme, c’est tout le drame de l’éloignement et de la séparation qui est manifesté : la porte empêche toute communication, elle s’oppose au regard, au toucher, voir à la voix. Je suis aussi très sensible à l’ironie (que tu avais relevée à propos d’un autre poème, même si ici c’est une ironie pessimiste, un peu résignée) à l’œuvre dans ce texte : alors même qu’un drame se joue (une séparation définitive), nul ne s’en rend compte, et nul n’agit conformément à ce drame. Ce qui est, en réalité, solennel, est vécu comme quelque chose d’anodin : on plaisante au moment de fermer la porte, ne s’apercevant pas de ce qui est en train de se passer – le destin la verrouille derrière nous, et on ne revient plus (sic). Il y a donc toujours un décalage entre ce qui se passe en vérité et la perception qu’on en a : on ne peut comprendre pleinement les événements qui nous changent qu’une fois qu’ils sont passés, et que le changement est entériné. Ceci installe dans une attitude de nostalgie vis-à-vis d’un passé perdu, et peut distiller une certaine angoisse vis-à-vis du futur : car comment savoir profiter, à l’avenir, d’un « dernier » moment, puisqu’on ne pourra savoir qu’il était le dernier que quand il sera (déjà) trop tard ?

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[club] Emily Dickinson – Poems : My letter to the world

This is my letter to the world,
That never wrote to me,–
The simple news that Nature told,
With tender majesty.
Her message is committed
To hands I cannot see;
For love of her, sweet countrymen,
Judge tenderly of me!

Je ne sais pas pourquoi mais ce poème me touche beaucoup. En le lisant je me sens proche de l’auteure. Il exprime à la fois l’indifférence du monde et l’amour du poète. Elle aime ces mains qu’elle ne connaît pas et qui ne lui répondront pas.
Je pense aussi qu’il faut voir dans ce poème une métaphore du rapport entre le poète, ses œuvres et ses lecteurs. Ils ne lui répondront pas 1) parce qu’elle ne les connaît pas 2) parce qu’elle aura des lecteurs après sa mort. Elle leur demande de la juger tendrement. Cela exprime une angoisse à publier : en publiant ses poèmes c’est elle-même qu’elle livre à des inconnus dont elle ne peut rien pour corriger le jugement. Et s’ils la comprenaint mal ?