Le mouvement des béguines n’existe plus.
La dernière béguine, Marcella Pattyn, vient de mourir à l’âge de 92 ans.
http://www.lavoixdunord.fr/region/la-derniere-beguine-au-monde-est-morte-a-courtrai-ia0b0n1186785
Le mouvement des béguines n’existe plus.
La dernière béguine, Marcella Pattyn, vient de mourir à l’âge de 92 ans.
http://www.lavoixdunord.fr/region/la-derniere-beguine-au-monde-est-morte-a-courtrai-ia0b0n1186785
Dans cette farce, c’est la faiblesse physique des femmes qui entraîne leur défaite. Elles perdent la partie car elles ne peuvent pas sortir du cuvier. Il s’agit en fait de rien, car il se peut qu’un homme soit moins fort qu’une femme (maladie, handicap…) : un retournement est toujours possible… Il n’y a donc pas de véritable légitimation de la domination masculine.
J’ai été marquée par la violence de ce texte. Il présente la relation entre époux comme un duel quasi à mort. Indépendamment de la question de genre, un des époux doit être l’esclave de l’autre. Il s’agit de savoir qui sera le plus fort, qui pourra contraindre l’autre par la violence, le chantage. Il n’est pas question de partager les tâches, le mariage ici n’est qu’une affaire de domination. Il n’est question ni d’amour ni de respect, mais de domination. C’est à celui qui sera le plus fort, à celui qui écrasera l’autre. Et comme à chaque fois que s’applique la loi du plus fort, elle est fragile… Un retournement est vite arrivé.
Je pense que ce serait déformé le texte que d’y voir une revendication féministe. En effet, la femme se soumet à son époux à la fin. De plus, mettre les femmes en position de diriger dans la première partie a seulement pour but de créer un effet comique. La farce repose sur le retournement de situation : dans la pièce après la chute dans le cuvier, mais aussi dès le départ avec le contraste entre l’habituel (l’époux dominant) et la scène présentée (femme dominante) en ouverture. D’autre part, l’épouse et sa mère dans cette farce ne sont pas sympathiques : leur méchanceté contribue bien sûr au comique… On veut qu’elles soient moquées. Elles cumulent en fait tous les clichés sur les femmes : vicieuses, faibles physiquement… Le texte me rappelle beaucoup Molière qui ne donne aux femmes des attributs masculins que pour montrer qu’ils ne leur vont pas.
Il peut paraître étonnant qu’il existe des femmes auteurs de chansons amoureuses au Moyen Âge puisque, comme l’indique Dame Castelloza dans le 2e poème reproduit : « tout le monde dit que c’est inconvenant,/ qu’une dame courtise spontanément un chevalier/ et qu’elle lui adresse constamment de si longs discours ».
On trouve la même considération dans le Roman d’Alexandre, où la reine Candace, qui est tombée amoureuse d’Alexandre à distance, n’ose lui demander de venir la rencontrer mais ne peut tout de même pas résister à l’envie de lui faire de précieux cadeaux.
Ici, la poétesse justifie sa prise de parole par la recherche d’un « réconfort » : « la prière amoureuse m’apporte un grand réconfort/ lorsque je l’adresse à celui d’où vient mon tourment. » La prise de parole poétique part d’une nécessité personnelle assumée.
Gormonde de Montpelllier est la seule à aborder la théologie. La seule connue.
Elle de toutes façons suffit à contredire la règle.
On peut remarquer que les thématiques des trobairitz ne sont pas différentes de celles des troubadours : l’amour courtois domine, mais il est aussi question de théologie. Le thème de la maternité est peut-être le seul à être spécifiquement féminin. p.34 « je considère qu’enfanter constitue une grande pénitence car les seins pendent et tombent le ventre plisse et devient fâcheux. »
Ce vers pourrait très bien se trouver dans un magazine féminin!
Je ne peux manquer de noter la résonance actuelle du texte Gormonde de Montpelllier à la veille de l’ouverture du conclave. « Rome, si tu tolères que règnent plus longtemps ceux qui font honte au Saint-Esprit (…) tu n’en retireras pas d’honneur« . p. 72
L’introduction de Jean-Charles Huchet attire notre attention sur le fait que les chants des femmes ressemblent à ceux des hommes, ils n’ont pas la modernité qu’on a voulu leur prêter. De plus, elle invite à ne pas trop s’interroger sur le sexe biologique des auteurs et d’inclure tous les textes énoncés au féminin dans le corpus des trobairitz.
Cela peut au premier abord sembler décevant, mais je pense au contraire que c’est très positif : c’est la preuve que le sexe de l’auteur ne compte pas vraiment.
On se rapproche en fait de l’argument de Virginia Woolf dans A room of one’s own, chapitre 6 : « Perhaps a mind that is purely masculine cannot create, any more than a mind that is purely feminine, I thought. But it would he well to test what one meant by man-womanly, and conversely by woman-manly, by pausing and looking at a book or two.”
Manuel Vászquez Montalbán en 2002 publie Erec y Enide, roman qui fait explicitement référence au roman de Chrétien de Troyes en mettant en scène un universitaire spécialiste du cycle arthurien qui termine sa carrière par une conférence sur Erec et Enide, et en faisant vivre à Pedro et Myriam au Guatemala des épreuves rappelant celles vécues par les héros médiévaux. Le roman reprend également des procédés médiévaux : entrelacement, récit double. Il propose une réflexion sur le couple, l’engagement et la littérature dans la vie.
J’ai lu le roman de Vászquez Montalbán et en plus d’être en soi très intéressant et très bien écrit, je trouve que c’est un excellent exemple d’intertextualité (à plusieurs niveaux) et une excellente réflexion sur la recherche en littérature, le rôle de la fiction. Le personnage de Julio est un spécialiste des chevaliers de la table ronde, mais il n’a pas été capable de mettre en pratique son savoir dans la vie, il n’a même pas été capable de création littéraire. Par contre son fils adoptif, Pedro, est lui dans l’action et la création, capable d’engagement dans la réalité.
Erec et Enide commence où souvent les romans s’achèvent : le mariage. Peut-on être un bon chevalier et un bon mari ? Cette question me rappelle l’objection d’Héloïse au mariage : elle éloignerait Abélard de ses devoirs, de l’étude. Erec en effet semble tout sacrifier à sa dame, à tel point qu’on se moque de lui. Mais il se reprend.
Amour, mariage et chevalerie se réconcilient, prouvant ainsi que le mariage n’est pas néfaste au chevalier.Comme dans les lais de Marie de France, l’amour véritable et heureux est dans Erec et Enide celui qui se termine par le mariage.
Les historiens (Duby, Pernoud) y voient le signe de l’installation du mariage dans la société comme la norme au XIIème.
Le roman est original à plusieurs niveaux :
– C’est un des premiers romans de la littérature française.
– C’est le premier roman du cycle arthurien de Chrétien de Troyes
– C’est le premier roman original connu, ne reprenant pas des mythes antérieurs. Il est devenu un mythe (Cf. post sur la modernité).
– Il a un thème original : l’amour entre deux époux. Dans les romans courtois, l’amour, même si platonique, est adultère.