J’ai trouvé que De l’égalité des sexes mettait bien en évidence les obstacles au féminisme : le poids de la coutume, la force des arguments théologiques, le fait que peu de femmes soient pour l’égalité. Il faut donc s’efforcer de lever ces obstacles et c’est ce que Poulain de la Barre fait dans ses écrits.
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4 réponses sur « [club] Poulain de la Barre – Obstacles au féminisme »
Le poids de la coutume est intéressant chez Poullain de la Barre, car il donne lieu à l’examen d’un argument rare : puisque le préjugé de l’inégalité homme/femme est presque universel, comme le combattre ? L’éditrice indique dans son introduction que les libres penseurs remettaient en doute les coutumes et préjugés en les confrontant à d’autres coutumes et préjugés contraires. C’est ce qu’elle appelle l’argument du « relativisme ». Or il ne semble pas fonctionner ici (cf p. 338-339) !
Que les femmes ne soient pas nécessairement pour l’égalité est là encore un point qui ne me semble pas avoir été soulevé jusque là (ou pas beaucoup en tout cas). Poullain de la Barre, empruntant la voix du misogyne, écrit : « »peut-on enreprendre sérieusement de leur donner un avantage qu’elles ne demandent pas? ». Finalement, ne met-il pas là le doigt sur le paradoxe de sa propre démarche : pourquoi, en tant qu’homme, défendre des femmes, si celles-ci ne demandent pas à être défendues et semblent se satisfaire de leur condition ???
L’absence de revendication des femmes est souvent exploitée par les adversaires du féminisme.
Beaucoup de mouvements politiques conservateurs mettent en avant des femmes… Par exemple, Sarah Palin… J’avoue que je comprends difficilement car ces femmes sont diplômées, actives… Pas vraiment des femmes conservatruces typiques. Elles doivent faire garder leurs enfants…
Il y a eu un gros débat là-dessus dans la presse américaine que j’ai lu au sujet de la montée des femmes chez les républicains. Ce serait une victoire du féminisme : avoir permis aux femmes de critiquer le féminisme…
Oui, mais non, parce que j’ai l’impression que des femmes qui soutiennent les hommes, il y en a toujours eu. Cf. Poulain!
Il faut aussi, peut-être, ré-examiner cette idée du consentement féminin à la condition féminine : s’agit-il d’une pleine acceptation ou d’une soumission en l’absence d’alternative ? Peut-on dire de quelqu’un qui n’a pas d’autre choix matériel que de se soumettre, qu’on endoctrine pour accepter cet état de fait comme naturel et qu’on prive d’éducation, qu’il consent librement à sa situation ? Peut-on s’étonner d’une absence de révolte et de revendication, dans de telles conditions ?
Non.
Le libre consentement est un problème récurrent.
C’est un argument facile, et dangereux qui est de plus en plus utilisée.
On le voit sur la question du temps partiel ou du congé parental : beaucoup de femmes y consentent librement. Mais ont-elles d’autres choix?
Idem pour la prostitution.
Quand est-on libre de ces choix?
Une condition nécessaire est une éducation comprenant une formation de l’esprit critique.