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[club] J. S. Mill – The subjection of women : Féminisme et utilitarisme

[photopress:john_stuart_mill_asservissement_des_femmes.jpg,thumb,pp_image] John Stuart Mill est le théoricien de l’utilitarisme et le fervent défenseur du principe méritocratique, idées sur lesquelles se base le libéralisme économique et politique actuel. Selon lui, la valeur suprême est celle de la liberté, chaque individu obtenant ce qui lui revient selon son mérite.

Est-ce à dire que les femmes méritent l’état de « subjection » (traduit en français par : « asservissement ») que les sociétés européennes lui réservent au XIXe siècle? A cette question, Mill répond par la négative : les femmes sont empêchées de déployer l’étendue de leurs compétences par l’éducation qu’elles reçoivent et les devoirs qu’on leur impose. A cela s’ajoute la situation de sujétion dans laquelle elles se trouvent par rapport à leur père puis leur mari et qui relève, analyse Mill, de la loi du plus fort la plus pure. Il faut donc laisser les femmes se réaliser afin qu’elles fassent montre de leur mérite.

Voilà, en substance, l’argumentation de Mill : mais on peut relever avec une heureuse surprise son parti-pris de considérer la femme comme l’égale naturelle de l’homme. Car, sans ce parti-pris, un utilitariste lambda aurait pu dire (comme Mill le dit des « pauvres »…) : si les femmes occupent une place inférieure, c’est qu’elles la méritent et ne disposent pas des capacités leur permettant d’être les égales des hommes. Contre cet argument, Mill met en avant l’ignorance dans laquelle nous nous trouvons quant à la nature humaine -celle de la femme comme celle de l’homme- et choisit d’imputer les inégalités à des questions de rapports de force et d’entraves à la réalisation personnelle plutôt qu’à des incapacités de nature. – Ce en quoi il me semble, au final, « généreux », car les rouages simples du raisonnement n’amènent pas nécessairement, ainsi que veut l’indiquer ma référence à un utilitariste lambda, à une telle conclusion.

Si Mill est féministe c’est donc, en définitive, parce qu’il croit en la nature féminine et non en vertu d’une application stricte de ses principes utilitaristes : féminisme et utilitarisme peuvent être articulés, mais le second ne fonde pas le premier, et le premier n’a pas besoin du second pour être fondé.

Un gouvernement libéral n’est donc pas, loin s’en faut, la garantie d’un Etat égalitaire…

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