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[club] Tolstoï/Fontane – Emma, Anna, Effi : la même histoire dans trois pays ?

anna kMadame Bovary, Anna Karénine et Effi Briest sont trois romans qui parlent de l’adultère au XIXème siècle. Les trois abordent la condition féminine, le mariage et les conventions sociales.

Maintenant je pense que ce n’est pas seulement le lieu de l’action qui les différencie.

Je citerai quelques différences :

Madame Bovary est indifférente par rapport à sa fille, Effi et Anna aiment leur enfant.

Anna Karénine a une ambition plus large que de raconter l’histoire de l’héroïne éponyme.

Charles Bovary est certes un imbécile, mais il n’est pas méchant. Ce n’est pas le cas de Karénine et Instetten.

La relation des trois femmes et de leur amant est également différente. Anna est à mon avis la seule à être amoureuse.

Enfin la différence la plus importante est pour moi celle-ci : Anna et Emma ont une part de responsabilité dans leur malheur alors qu’Effi est une véritable victime. Elle meurt d’avoir perdu sa fille. Il y a plusieurs arguments pour étayer ceci, le principal bien sûr est le point de vue de l’auteur. Ni Tolstoï ni Flaubert n’ont voulu rendre leur héroïne aimable. De plus, Effi est la seule à ne pas se suicider. Enfin, la conversation finale entre les parents d’Effi suggère qu’ils sont responsables. Il n’est pas exagéré de dire qu’Effi n’a commis aucune faute, mais que la société l’a détruite.

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Un autre point de différence : le statut de victime d’Effi est en effet montré par petites touches dès le début : Effi est encore une enfant et elle va se marier; elle n’y est pas prête. Ce motif revient dans les dernières lignes du roman, quand les parents d’Effi discutent de la mort de leur fille et que la mère dit que sa mort était peut-être de leur faute à eux, « peut-être était-elle trop jeune? ». La mise en scène de Fassbinder insiste sur ce point quand Effi est filmée en train de faire de la balançoire, par exemple. Effi, sa jeunesse et sa vitalité amoureuse, a été sacrifié sur l’autel de la bienséance, tant celle de ses parents que celle de son mari.
Anna, elle, est une femme délaissée : « Rien ne paraissait changé extérieurement aux rapports des deux époux, sauf qu’Alexis Alexandrovitch menait une vie de plus en plus laborieuse. Comme d’habitude, il s’en alla dès le printemps à l’étranger pour s’y remettre par une cure d’eaux des fatigues de l’hiver. Comme d’habitude, il revint en juillet et reprit ses fonctions avec une nouvelle énergie. Et toujours comme d’habitude, il laissa sa femme s’installer à la campagne tandis qu’il demeurait à Pétersbourg. » (ch. XXVI). En réalité, cette suractivité est provoquée par Alexis lui-même et lui sert de moyen pour fuir la réalité de ses problèmes conjugaux.

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