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[club] Quinze joies du mariage – Echos

L’itinéraire du couple décrit par les Quinze joies du mariage m’a fait penser à plusieurs autres oeuvres littéraires.

L’école des femmes d’abord, où Agnès est enfermée pour rester naïve, ne pas tomber amoureuse, rester pure. Dans les Quinze joies, l’enfermement ne suffit pas à garantir l’innocence, puisque le contact avec les autres femmes est autorisé… Mais dans L’école des femmes, l’innocence n’est pas sauve non plus !

Autre parallèle possible : Mme Bovary. Le mari des Quinze joies se trouve en effet pris au piège des dépenses de sa femme, dépenses de coquetterie qui la mène sur la pente de l’adultère… Pour Emma Bovary, les deux phénomènes sont concomittants, ce n’est plus la coquetterie qui mène à la luxure, mais ces deux vices sont quand même mis en avant comme des maux féminins, signes d’un dévoiement.

Le principal point commun entre ces trois oeuvres est qui plus est de traiter de la condition féminine ; il me semblait intéressant de relever cette filiation et de montrer ainsi que la littérature médiévale nous permet de jeter un autre regard sur la littérature qui nous est plus connue, car est plus étudiée à l’école.

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[club] Quinze joies du mariage – Un rire dû au renversement des rôles ?

Les Quinze joies du  mariage s’inscrivent dans le registre satirique : il s’agit de grossir le trait pour faire rire. Le rire ne naît pas, comme dans la Farce du cuvier, du fait que c’est l’homme qui est préposé aux taches ménagères : il n’y a pas de renversement des rôles. Mais la femme est peinte comme coquette, luxurieuse, dépensière, cruelle, insensible, intéressée ; l’homme en est donc la victime. La métaphore de la « nasse » (piège pour attraper les poissons) revient souvent : c’est l’homme qui est pris au piège du mariage, pas la femme. Cela va à l’encontre de tout ce que nous avons lu jusque là pour les siècles postérieurs mais aussi pour le Moyen Age. Il y a donc bien, à mon sens, un renversement des rôles masculin/féminin sur ce point.

Ce renversement apparaît d’autant mieux que le mari accepte, au bout de quelques temps, de laisser sortir sa femme… Ce qui signifie qu’elle vivait jusque l’à cloîtrée chez elle. De quel côté se trouve la « nasse » ?

Dans un tel cadre, réel, que révèle le texte, se dessine une réalité féminine bien noire ; les alliances entre femmes pour se défendre de telles contraintes se comprennent alors aisément…

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[club] – Mort de la dernière béguine

Le mouvement des béguines n’existe plus.

La dernière béguine, Marcella Pattyn, vient de mourir à l’âge de 92 ans.

http://www.lavoixdunord.fr/region/la-derniere-beguine-au-monde-est-morte-a-courtrai-ia0b0n1186785

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[club] La farce du cuvier – Légitimation de la domination masculine

Dans cette farce, c’est la faiblesse physique des femmes qui entraîne leur défaite. Elles perdent la partie car elles ne peuvent pas sortir du cuvier. Il s’agit en fait de rien, car il se peut qu’un homme soit moins fort qu’une femme (maladie, handicap…) : un retournement est toujours possible… Il n’y a donc pas de véritable légitimation de la domination masculine.

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[club] La farce du cuvier – Violence conjugale

J’ai été marquée par la violence de ce texte. Il présente la relation entre époux comme un duel quasi à mort. Indépendamment de la question de genre, un des époux doit être l’esclave de l’autre. Il s’agit de savoir qui sera le plus fort, qui pourra contraindre l’autre par la violence, le chantage. Il n’est pas question de partager les tâches, le mariage ici n’est qu’une affaire de domination.  Il n’est question ni d’amour ni de respect, mais de domination. C’est à celui qui sera le plus fort, à celui qui écrasera l’autre. Et comme à chaque fois que s’applique la loi du plus fort, elle est fragile… Un retournement est vite arrivé.

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[club] La farce du cuvier – Sexiste ou féministe?

Je pense que ce serait déformé le texte que d’y voir une revendication féministe. En effet, la femme se soumet à son époux à la fin. De plus, mettre les femmes en position de diriger dans la première partie a seulement pour but de créer un effet comique. La farce repose sur le retournement de situation : dans la pièce après la chute dans le cuvier, mais aussi dès le départ avec le contraste entre l’habituel (l’époux dominant) et la scène présentée (femme dominante) en ouverture. D’autre part, l’épouse et sa mère dans cette farce ne sont pas sympathiques : leur méchanceté contribue bien sûr au comique… On veut qu’elles soient moquées. Elles cumulent en fait tous les clichés sur les femmes : vicieuses, faibles physiquement… Le texte me rappelle beaucoup Molière qui ne donne aux femmes des attributs masculins que pour montrer qu’ils ne leur vont pas.

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[club] Trobairitz – L’initiative amoureuse

Il peut paraître étonnant qu’il existe des femmes auteurs de chansons amoureuses au Moyen Âge puisque, comme l’indique Dame Castelloza dans le 2e poème reproduit : « tout le monde dit que c’est inconvenant,/ qu’une dame courtise spontanément un chevalier/ et qu’elle lui adresse constamment de si longs discours ».

On trouve la même considération dans le Roman d’Alexandre, où la reine Candace, qui est tombée amoureuse d’Alexandre à distance, n’ose lui demander de venir la rencontrer mais ne peut tout de même pas résister à l’envie de lui faire de précieux cadeaux.

Ici, la poétesse justifie sa prise de parole par la recherche d’un « réconfort » : « la prière amoureuse m’apporte un grand réconfort/ lorsque je l’adresse à celui d’où vient mon tourment. » La prise de parole poétique part d’une nécessité personnelle assumée.

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[club] Trobairitz – Et même de la théologie….

Gormonde de Montpelllier est la seule à aborder la théologie. La seule connue.

Elle de toutes façons  suffit à contredire la règle.

On peut remarquer que les thématiques des trobairitz ne sont pas différentes de celles des troubadours : l’amour courtois domine, mais il est aussi question de théologie. Le thème de la maternité est peut-être le seul à être spécifiquement féminin. p.34 « je considère qu’enfanter constitue une grande pénitence car les seins pendent et tombent le ventre plisse et devient fâcheux. »

Ce vers pourrait très bien se trouver dans un magazine féminin!

Je ne peux manquer de noter la résonance actuelle du texte Gormonde de Montpelllier à la veille de l’ouverture du conclave. « Rome, si tu tolères que règnent plus longtemps ceux qui font honte au Saint-Esprit (…) tu n’en retireras pas d’honneur« . p. 72

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[club] Trobairitz – Féminin-masculin

L’introduction de Jean-Charles Huchet attire notre attention sur le fait que les chants des femmes ressemblent à ceux des hommes, ils n’ont pas la modernité qu’on a voulu leur prêter.  De plus, elle invite à ne pas trop s’interroger sur le sexe biologique des auteurs et d’inclure tous les textes énoncés au féminin dans le corpus des trobairitz.

Cela peut au premier abord sembler décevant, mais je pense au contraire que c’est très positif : c’est la preuve que le sexe de l’auteur ne compte pas vraiment.

On se rapproche en fait de l’argument de Virginia Woolf dans A room of one’s own, chapitre 6 : « Perhaps a mind that is purely masculine cannot create, any more than a mind that is purely feminine, I thought. But it would he well to test what one meant by man-womanly, and conversely by woman-manly, by pausing and looking at a book or two.”

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[club] Erec et Enide – Modernité

Manuel Vászquez Montalbán en 2002 publie Erec y Enide, roman qui fait explicitement référence au roman de Chrétien de Troyes en mettant en scène un universitaire spécialiste du cycle arthurien qui termine sa carrière par une conférence sur Erec et Enide, et en faisant vivre à Pedro et Myriam au Guatemala des épreuves rappelant celles vécues par les héros médiévaux. Le roman reprend également des procédés médiévaux : entrelacement, récit double. Il propose une réflexion sur le couple, l’engagement et la littérature dans la vie.

J’ai lu le roman de Vászquez Montalbán et en plus d’être en soi très intéressant et très bien écrit, je trouve que c’est un excellent exemple d’intertextualité (à plusieurs niveaux) et une excellente réflexion sur la recherche en littérature, le rôle de la fiction. Le personnage de Julio est un spécialiste des chevaliers de la table ronde, mais il n’a pas été capable de mettre en pratique son savoir dans la vie, il n’a même pas été capable de création littéraire. Par contre son fils adoptif, Pedro, est lui dans l’action et la création, capable d’engagement dans la réalité.