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[bio] Boris Jitkov

[photopress:Jitkov.JPG,thumb,pp_image]Boris Jitkov naît en 1882 près de Nogorov dans le nord de la Russie dans une famille juive aisée. Son père est professeur de mathématiques et sa mère musicienne. Il hérite des deux et sera ainsi passionné et de sciences et de violon. Sa famille s’installe bientôt à Odessa où il fréquente une école privée française, puis le lycée.
Lutte contre l’antisémitisme. Il se lie d’amitié avec le futur écrivain Tchoukovski et le futur leader de l’organisation sioniste mondiale Vladimir Jabotinski. En 1905, Jitkov armera un groupe de défense contre les pogroms et fabriquera des bombes. La dénonciation de l’antisémitisme est ainsi présente dans Viktor Vavitch.
Passions et carrière. Il se passionne pour la photographie et la navigation, ses amis remarquent ses talents de conteur. Il étudie les mathématiques et la chimie à Novorossük puis la construction navale à Saint Petersbourg. Il part ensuite sillonner les mers après l’obtention d’un diplôme d’ingénieur et d’un diplôme de navigateur. Lors de la première guerre mondiale il réceptionne les moteurs anglais pour les sous-marins russes. Après la révolution de 1917, il enseigne les mathématiques et le dessin industriel dans les universités ouvrières.
Un héros de la littérature pour la jeunesse. En 1923, Tchoukovski le pousse à écrire. Il publie l’année suivante un recueil de nouvelles Sur l’eau qui rencontre un succès immédiat. Il devient très vite un grand nom de la littérature jeunesse. Il collabore à nombreuses revues et ses récits sont encore publiés de nos jours. Un seul ouvrage est disponible en français: Les Marins fantômes chez Gallimard Jeunesse. Jitkov emménage à Moscou en 1934 et y meurt quatre ans plus tard.
Viktor Vavitch
Une saga russe. Le roman dresse le portrait de plusieurs personnages qui se croisent durant la révolution de 1905. Viktor Vavitch s’engage dans la police pour épouser Grounia et contrarie ainsi son père. Il est zélé et ambitieux mais ne parvient à rien si ce n’est à se compromettre et à verser dans l’antisémitisme. Sa sœur Taïnka amoureuse d’un flûtiste juif tombera elle dans la folie. Bachkine, après avoir été torturé par la police se retrouve dans une position d’espion auprès de la famille du banquier Tiktine. Nadienka, la fille, amoureuse d’un ouvrier et marxiste s’active, mais les anarchistes comme Aliochka se montrent plus actifs. Sanka, le fils Tiktine, engagé dans la révolution sans réelle conviction tombe amoureux de Tania, une camarade engagée de sa sœur…
Le roman a été écrit entre 1929 et 1934. La révolution de 1905 y est donc envisagée à la lumière de celle de 1917. Ce n’est pas la version officielle du régime stalinien. Les historiens reconnaissent cependant aujourd’hui que celle-ci était fausse et penchent pour celle de Jitkov : les bolcheviks ne furent pas les principaux artisans de la révolution de 1905.
Une œuvre censurée. Certains chapitres de Viktor Vavitch sont publiés en 1932 et des témoignages des contemporains de Jitkov expliquent que ce projet occupe l’essentiel du temps de l’auteur. Cependant après 1934 la peur des purges staliniennes rend Jitkov et ses proches silencieux. Le roman ne figure pas dans la biographie officielle de l’auteur parue en 1955. Le roman a pourtant obtenu une autorisation de publication en 1941. Mais, alors que les exemplaires sont imprimés, l’Union des écrivains condamne le roman comme « inconvenant » et « inutile ». Les exemplaires ne sont pas distribués et le roman tombe dans l’oubli. Des exemplaires sont cependant conservés et il est enfin publié en 1999.
Réception. En 1999, le roman rencontre un certain succès mais la condition du livre est difficile en Russie et il est tiré en peu d’exemplaires. La critique le range aussitôt au côté des grands romans russes comme Guerre et Paix, Vie et destin ou encore le Docteur Jivago, dont l’auteur, Boris Paternak, considérait Viktor Vavitch comme le « meilleur roman sur la révolution de 1905 ».
Si le travail d’historien de Jitkov et les libertés prises par rapport aux canons du réalisme socialiste sont mis en avant, c’est surtout l’originalité de l’écriture qui est remarquée. Jitkov réussit en effet à narrer le destin d’une douzaine de personnages sans recourir à la description. Son style peut être qualifié de cinématographique : les scènes se succèdent, le contexte historique se dessine en toile de fond sans jamais être explicité.
Les traducteurs français Anne Coldefy-Faucard et Jacques Catteau ont été distingués le 17 janvier 2009 à Paris par une mention spéciale de la troisième édition du Prix Russophonie.
Bibliographie sélective
Viktor Vavitch, Calman-Lévy, Paris, 2008.

Blumenfeld Samuel, « L’épopée russe de Boris Jitkov », Le Monde, 19 septembre 2008.

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[bio] Michael Cunningham

[photopress:cunningham.jpeg,thumb,pp_image]Michael Cunningham naît en 1952 à Cincinatti dans l’Ohio (USA) et grandit en Californie à La Cañada. Il est diplômé en littérature anglaise à l’université de Stanford (BA) et en écriture créative à l’université de l’Iowa (MFA). Il se dirige ensuite vers l’enseignement, tout en commençant à publier des nouvelles.
Un écrivain récompensé. Ses nouvelles paraissent dans des revues prestigieuses comme The New Yorker, The Atlantic Monthly ou The Paris Review. En 1989 White Angel est élue meilleure nouvelle américaine de l’année. Les années précédentes, il a également décroché plusieurs bourses de recherche. Il publie en 1990 La Maison au bout du monde (A home at the end of the world) qui reçoit un très bon accueil et est adapté au cinéma. En 1995 il publie De chair et de sang (Flesh and blood) et reçoit le Whiting Writers’ Award. En 1999, c’est la consécration avec Les heures (The hours) qui reçoit le très prisé prix Pulitzer et le PEN/Faulkner Award. En 2002, il publie un ouvrage non fictionnel Land’s End : A walk through Provincetown et un roman en 2005 Le Livre des jours (Specimen days).
Refus d’une étiquette. Bien qu’homosexuel et bien qu’il traite de l’homosexualité dans ses livres, Michaël Cunningham a toujours refusé d’être qualifié d’ « écrivain gay ». Son lectorat dépasse en effet largement la communauté homosexuelle et ses œuvres sont portées à l’écran. Il jouit d’une reconnaissance internationale.
Il vit actuellement à New-York et enseigne au Fine Arts Work Center à Provincetown (Massachusetts) et au Brooklyn College.
The Hours. Le roman publié en 1995 présente en parallèle la journée de trois femmes à trois époques différentes : Virginia Woolf en train d’écrire son roman Mrs Dalloway (qui se déroule également sur une journée), Mrs Brown en train de lire ce roman et Clarissa qui est surnommée comme l’héroïne de ce roman. Chacune se retrouve comme Mrs Dalloway face à son destin…
Réception. La critique a été très élogieuse et les prix reçus par le roman en témoignent (prix Pulitzer et PEN/Faulkner Award). Le travail intertextuel a été salué ainsi que l’écriture et la force de la narration. Les critiques féministes sont plus réservées et rappellent qu’il ne suffit pas de mettre en scène des femmes et de parler de lesbianisme pour être féministe.
Adaptation cinématographique. Le roman a été porté à l’écran par Stephen Dalry en 2003 avec un scénario de David Hare. Le film a lui aussi été salué par la critique et récompensé.
Bibliographie sélective

The Hours, Fourth Estate, Londres, 1999.
Pour aller plus loin

http://www.michaelcunninghamwriter.com/

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[bio] Agatha Christie

[photopress:agatha_christie.jpg,thumb,pp_image]Agatha Christie naît Agatha Miller le 15 septembre 1890 à Torquay en Angleterre, dernière venue dans une fratrie de trois enfants.

Une éducation maternelle. Son père meurt en 1901 alors qu’elle n’est encore qu’une enfant ce qui la rapproche de sa mère, Clara Miller. Elle avait déjà choisi de l’instruire à la maison avec l’aide de précepteurs, elle va maintenant l’emmener dans ses voyages, une passion qu’elle léguera à Agatha. Clara remarque que sa fille aime écrire et l’encourage dès son plus jeune âge. En 1906 elle l’envoie à Paris pour étudier le chant et le piano. Sa timidité va lui interdire d’entreprendre une carrière musicale.

La première guerre mondiale. En 1914 Agatha épouse un officier de l’armée de l’air, Archibald Christie, après une romance de deux ans. Le couple aura une fille, Rosalind, née en 1919. La guerre va séparer les jeunes mariés. Agatha ne se contente pas d’attendre, elle participe à l’effort de guerre en devenant infirmière. Elle renouvellera cette action durant la seconde guerre mondiale. Elle passe également l’examen de pharmacienne. Elle en retire une connaissance des poisons qu’elle mettra à profit dans son premier roman The Mysterious Affair at Styles. Celui-ci n’est publié qu’en 1920 car il peine à trouver un éditeur mais il a droit à un article élogieux dans le journal des pharmaciens pour le réalisme de l’empoisonnement qu’il met en scène. Il marque également les débuts du détective belge Hercule Poirot qui reviendra dans plus de quarante ouvrages.

1926. Cette année est la plus célèbre de la biographie de la romancière. Elle marque tout d’abord sa consécration avec la publication du Meurtre de Roger Acroyd. Puis, sur le plan personnel, c’est l’année de la rupture entre Agatha et son mari qui la quitte pour une autre peu avant la mort de Clara Miller dont elle était restée très proche. Mais, pour la presse et les biographes, 1926 demeure avant tout l’année de la mystérieuse disparition d’Agatha Christie. Pendant onze jours en décembre personne ne sait où elle est. Cette disparition fait la une des journaux. On la retrouve dans un hôtel de Harrogate sous le nom de la maîtresse de son mari. Elle prétend ne plus se rappeler pourquoi et comment elle est arrivée là. Le mystère demeure encore aujourd’hui, certains biographes parlent de coup médiatique.

Succès et reconnaissance. Lors de son second voyage à Bagdad, Agatha rencontre l’archéologue Max Mallowan qu’elle épouse en 1930. Le métier de son époux lui permet de se livrer à sa passion des voyages dans lesquels elle trouve la matière et les décors de plusieurs romans. Elle enchaîne les succès en librairie et les critiques la saluent. Parfaitement à l’aise avec les contraintes du genre policier, elle sait varier les personnages, les lieux et les intrigues. Elle rédige également des pièces de théâtre policières. La plus célèbre, La Souricière (The Mousetrap) a été à l’affiche de la programmation londonienne sans interruption durant trente ans. Agatha Christie a également écrit six romans romantiques publiés sous le pseudonyme de Mary Westmacott et une autobiographie qu’elle complètera jusqu’à sa mort et qui ne sera donc publiée qu’après, en 1977. En 1967, elle devient présidente du British Detection Club et quatre ans plus tard elle est faite « Dame of the Bristish Empire ». Elle meurt le 12 janvier 1976 en laissant plus de 100 ouvrages traduits dans de nombreuses langues et souvent adaptés au cinéma et à la télévision. Elle demeure l’auteure la plus lue de tous les temps.
En 2009, les manuscrits de deux nouvelles inédites mettant en scène Hercule Poirot  ont été retrouvés et doivent être bientôt publiés: The Mystery of the Dog’s Ball et The capture of Cerberus. (http://www.guardian.co.uk/books/2009/jun/05/two-unpublished-poirot-stories-found ).
The murder at the vicarage.
Le colonel Protheroe, individu peu apprécié des siens, est assassiné dans le presbytère de St Mary Mead. Les suspects ne manquent pas : sa femme infidèle, l’amant jaloux de sa femme, sa fille avide d’héritage, le vicaire… L’inspecteur Slak ne sait que faire de cette liste à la différence de Miss Jane Marple, une vieille dame qui a pourtant l’air d’une villageoise ordinaire… Les apparences sont parfois trompeuses : derrière la vieille fille paisible qui prend son thé chaque jour à la même heure se cache une détective rusée et experte de la nature humaine.

Réception. Le roman, publié en 1930, marque les débuts de Miss Marple qui, déjà apparue dans une nouvelle en 1926, sera l’héroïne de dix-sept aventures entre 1930 et 1977 et demeure au côté d’Hercule Poirot l’héroïne la plus célèbre de l’auteure, et sa préférée selon les biographes.
Succès dès sa publication, il continue de se vendre sur tout le globe et a été adapté sur grand et petit écran.

Critiques féministes. Les critiques d’Agatha Christie peuvent se ranger dans deux écoles opposées dans lesquelles peuvent s’inclure les critiques féministes. Les premières considèrent qu’Agatha était une conservatrice, que ses romans perpétuent les oppositions traditionnelles de classe et la tradition instituée par Poe et Conan Dyle du détective rationnel et tout puissant qui vient apporter la vérité unique et rétablir l’ordre. Les critiques féministes de cette école vont lui reprocher de perpétuer les préjugés de genre : ainsi Hercule Poirot utilise des méthodes logiques et rationnelles alors que Miss Marple s’appuie sur son expérience quotidienne et son intuition. Ses critiques refusent donc aux romans d’Agatha Christie le qualificatif de féministes, qualificatif qu’elle réserve à un sous-genre apparu à la fin des années 1970 et développant des intrigues féministes. Au contraire d’autres critiques s’inscrivant dans les partisans d’une Agatha Christie réformatrice, loue le recul dont elle fait preuve par rapport à la société qu’elle décrit. Elles remarquent notamment la distance dont elle fait preuve vis à vis du personnage d’Hercule Poirot, quand elle semble par contre s’identifier à ses héroïnes, des femmes modernes et aventurières (Merja Makinen, Agatha Christie : Investigating Feminity, Palgrave Macmillan, 2006). Ces critiques saluent également comment Agatha Christie décrit la situation des femmes intelligentes dans la société : elles doivent comme Miss Marple se cacher car les préjugés les empêchent d’être prises au sérieux. (http://women.timesonline.co.uk/tol/life_and_style/women/the_way_we_live/article6321690.ece).
Bibliographie sélective
The murder at the Vicariage, Harper Collins, 2002.
Agatha dans tous ses états, H. BOUCHARDEAU, Flammarion, 1998.

Pour aller plus loin
http://www.agathachristie.com/
http://agatha.christie.free.fr/
http://faculty.evansville.edu/ra2/

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[bio] Karen Joy Fowler

[photopress:kjfowler.jpg,thumb,pp_image]
Karen Joy Fowler naît le 7 février 1950 à Bloomington dans l’Indiana où elle vit pendant onze ans avant de déménager en Californie.
Une femme engagée. Elle étudie de 1968 à 1972 à Berkeley où elle décroche une licence de sciences politiques. Elle obtiendra deux ans plus tard un master dans la même matière à Davis. Sur le campus elle participe au mouvement contre la guerre au Vietnam. « My world view rises from an adolescence spent watching the civil rights movement on TV. The antiwar movement was an extension of that and also my feminism » (« Ma vision du monde vient d’une adolescence passée à regarder à la télévision le mouvement pour les droits civils. Le mouvement contre la guerre était une extension de cela, de même que mon féminisme »), confie-t-elle ().
Une écrivaine de science-fiction. Karen Joy Fowler se consacre après ses études à l’éducation de ses enfants. Elle explique qu’elle a décidé de devenir écrivaine le jour de ses trente ans, en partie parce que des problèmes au genou la contraignaient à renoncer à son cours de danse qui se tenait le même soir que le cours d’écriture. Karen se révèle vite douée et son premier recueil de nouvelles Artificial things en 1986 est remarqué par la critique. Son second recueil de nouvelles fantastiques paru en 1997, Black Glass reçoit le prix World Fantasy. Son premier roman, Sarah Canary, paru en 1991, reçoit la médaille du Commonwealth comme meilleur premier roman californien. La même année, Karen collabore avec Pat Murphy à la création d’un prix littéraire le « James Tipree Jr Award » qui récompense les récits fantastiques ou de science fiction qui explore ou augmente notre compréhension du genre (gender). Cependant sa qualité d’auteure de sciences fiction a été controversée, notamment au sujet de sa nouvelle What I didn’t see, primée par un Nebula en 2003, prix qu’elle reçoit également en 2008 pour sa nouvelle Always.
Mais pas seulement de science fiction…. Les nouvelles et les romans de Karen Joy Fowler abordent des questions historiques et féministes. Elle sait toucher les lecteurs non amateurs du genre et c’est pourquoi elle est reconnue par tous ses pairs. Son second roman, The sweatheart season, paru en 1996 et son troisième roman Sister Noon, paru en 2001, sont tous deux finalistes pour le PEN/Faulkner Award. C’est d’ailleurs en quittant le genre de la science fiction qu’elle rencontre son plus grand succès, en 2004, avec The Jane Austen Bookclub. La critique admire son style et la profondeur de ses personnages.
Son dernier roman, Wit’s End est paru en avril 2008. Elle vit en Californie avec son mari.
The Jane Austen Bookclub. Le roman publié en 2004 est construit autour des six membres d’un club de lecture qui se rencontrent chaque mois pour discuter d’un roman de Jane Austen. C’est aussi l’occasion de réfléchir et de faire le point sur leur vie, leur passé, leur avenir. L’auteure présente l’ouvrage comme un hommage à la romancière britannique : « I admire and love Austen so it was great fun to write the book and read and reread her over and over again » (« J’admire et j’aime Austen aussi ce fut un grand plaisir d’écrire le livre de la lire et de la relire encore et encore ») ( http://www.stmarys-ca.edu/external/Mary/archive/Mary_spring2004/interviews/karenjoyfowler.html).
Réception. La critique et le public ont aimé. La critique a salué le style, l’imagination et l’hommage rendu à Jane Austen. Le roman a fait partie de la liste des bestsellers du New York times pendant 13 semaines.
Adaptation cinématographique. Le roman a été porté à l’écran par Robin Swicord en 2007.
Bibliographie sélective
The Jane Austen Bookclub, Penguin Books Gb, 2005.
Pour aller plus loin
http://www.karenjoyfowler.com/index.htm

http://www.tiptree.org/?see=front_page

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[bio] Olympe de Gouges

[photopress:gouges_1.jpg,thumb,pp_image]Olympe de Gouges nait à Montauban en 1748.
Une enfant illégitime. Elle s’appelle alors Marie Gouzes. Selon l’état civil elle est la fille d’Anne-Olympe Mouisset et de Pierre Gouzes, boucher. Mais ce dernier était loin du domicile conjugual neuf mois auparavant. Il avait été éloigné de son épouse par le marquis Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, véritable père de l’enfant et amour de jeunesse de sa mère revenu depuis peu à Montauban. Il gardera des liens avec la mère et la fille jusqu’en 1754, date à laquelle il disparaît pour épouser une héritière riche et noble. Le « secret » de sa naissance jouera un rôle dans l’existence de la future Olympe. Elle restera marquée par l’inégalité qui a interdit l’union de ses parents et l’a privée à la fois d’un père et d’une éducation. Elle cherchera adulte à rattraper ces manques. Elle est mariée en 1765 au traiteur Aubry dont elle a aussitôt un fils, Pierre.
Paris. En 1768 elle est veuve. Un an plus tard elle rencontre Jacques Biétrix, qui lui propose une installation dans la capitale et le mariage. Elle refuse de convoler mais se réjouit de pouvoir partir à Paris. Elle change alors d’identité et devient Olympe de Gouges. A Paris elle mène une vie digne de sa naissance. Elle fréquente des salons, est proche du duc d’Orléans qui s’occupera de l’éducation de son fils. Elle fréquente l’élite du Palais Royal et les cercles littéraires et artistiques dont elle veut se rapprocher davantage en emménageant rue Poissonnière en 1778.
Carrière littéraire. Olympe en effet veut devenir une femme de lettres même si elle sait à peine lire et écrire. La dictée est de toutes façons la coutume. Elle attend la mort de son père pour publier les Mémoires de Madame Valmont, un roman épistolaire autobiographique où elle révèle le « secret » de sa naissance et dénonce cette société qui permet une telle situation. Elle se lance alors dans une production théâtrale abondante. Ses œuvres dénoncent l’esclavage (L’esclavage des Noirs), l’emprisonnement pour dettes (L’Homme généreux), l’obligation d’entrée au couvent pour les jeunes filles sans dot (Les vœux forcés), le mariage (La nécessité du divorce). Elles ont du mal à trouver des théâtres qui les mettent en scène. Olympe est controversée et se montre intransigeante : elle ne veut pas adapter ses pièces aux mœurs ou aux désirs du public.
Révolution. Olympe publie ses premiers écrits politiques en 1778. Elle est très enthousiaste face aux premiers mouvements révolutionnaires. Elle veut être au cœur de l’action, publie des pamphlets, écrit des pièces pour servir l’égalité et la liberté. Très vite elle est déçue. Elle comprend que les révolutionnaires, souhaitent tenir les femmes à l’écart et ne pas leur accorder plus de droits que l’Ancien Régime. Elle rédige alors en 1791 une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne qu’elle adresse à la Reine Marie-Antoinette. « La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits ». Elle comprend également rapidement que la Révolution tourne mal. Elle s’oppose à la condamnation à mort du Roi et à l’arrestation des Girondins. Elle écrit contre Robespierre. Elle sait que ses jours sont comptés et publie en juin 1793 un testament politique. Elle est en effet arrêtée en juillet 1793 et, après avoir séjourné dans plusieurs prisons, est enfermée à la Conciergerie. Elle ne cesse d’écrire durant sa détention. Son procès se tient le 2 novembre 1793. Il est injuste et expéditif comme c’est alors la coutume. Elle est condamnée à mort. La sentence est exécutée le 3 novembre 1793.
Postérité et féminisme. 200 ans après sa mort les femmes réclament pour elle le Panthéon et des établissements portent son nom. Il aura fallu près de deux siècles pour que les français se rappellent de cette figure de la Révolution. Le 17 novembre 1793 la Feuille du salut public, un journal révolutionnaire, ouvre en effet une longue période d’oubli : « Elle voulut être homme d’Etat et il semble que la loi ait puni cette conspiratrice d’avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe ». C’est en effet parce qu’elle a demandé pour les femmes les mêmes droits que les hommes qu’Olympe de Gouge a été oublié des historiens jusqu’à la fin du XXème siècle. Olivier Blanc au début des années 80 va la révéler au public et à ses pairs historiens, puis les féministes vont s’y intéresser. Le bicentenaire de la Révolution est favorable à la découverte d’Olympe. Ses œuvres sont ainsi éditées en 1793 et elle est aujourd’hui reconnue comme une féministe qui a agi pour le droit des femmes et l’amélioration de leur sort. Elle fut également victime de la place laissée aux femmes dans la société.
Bibliographie sélective

Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Mille et une nuits, 2003.

Mousset Sophie, Olympe de Gouges et les droits des femmes, 2003, Le Félin / 2007, Pocket : « Ce petit livre a pour vocation d’éveiller quelque intérêt pour l’étonnante Olympe de Gouges ».

Blanc Olivier, Marie-Olympe de Gouges : Une humaniste à la fin du XVIIIe siècle, René Viénet, 2004
Pour aller plus loin

http://8mars.online.fr/article.php3?id_article=216

http://www.aidh.org/Biblio/Text_fondat/FR_03.htm
Documents gracieusement communiqués par Mme Françoise Zylberberg :

[photopress:MOdG__Mettais_03_11_1793___1.jpeg,full,alignleft]
1. Exécution d’Olympe de Gouges, enceinte, après un jugement de dix minutes sans avocat, exécution décidée à l’évidence par Robespierre et ses complices des comités.

[photopress:MOdG_AN_affiche__OdG_au_Trib_rev__photo_ERV__1.jpg,full,alignleft]
2. Affiche, remarquable, la dernière qu’elle imprima, trouvée dans le dossier de sa condamnation à mort, aux archives nationales.