[photopress:a_life_of_mary_wolstonecraft.jpg,thumb,pp_image]Mary Wollstonecraft dénonce l’éducation apportée aux femmes sur deux points : elle “fabrique” leur faiblesse physique ; elle les voue toutes entières à un seul but, la séduction – qui doit s’achever par le mariage. Sur ce point, Wollstonecraft s’avère très lucide (à moins qu’elle ne soit pessimiste?) sur la nature du lien amoureux : instable, il est voué à mourir si tant est qu’il est fondé uniquement sur un frémissement des sens. La femme à laquelle on apprend à charmer pour séduire, conquérir, est une femme dont le mariage ne pourra pas être heureux ; car ses charmes se basent sur son attrait physique, et que celui-ci est voué à changer. L'”âme” semble présenter à Wollstonecraft une garantie plus forte de stabilité – on serait aujourd’hui tenté de lui rétorquer qu’une personnalité non plus n’a rien d’immuable, et que même les mariages basés sur une compatibilité d’humeur et une convergence de vue risquent de se briser un jour.
Selon Wollstonecraft, le but de l’éducation des femmes n’est donc pas le mariage : c’est la séduction. Et c’est aussi cela qui les amène à développer des aptitudes au vice (manipulation, vanité, coquetterie, libertinage). Car la séduction est avant tout affaire de narcissisme : il s’agit, pour la femme, de voir son image reflétée, magnifiée, dans les égards et les attentions de l’autre. Il lui faut être une “demi-déesse” pour exister, comme l’écrit Wollstonecraft. Cette analyse rejoint celle de Beauvoir quand elle accusait les moeurs d’inciter la femme à s’objectiver, à ne pas exister pour elle-même mais pour et par un tiers.
Dès lors, l’idéal amoureux défendu par Wollstonecraft est un idéal amical, de tendresse et d’estime réciproque : puisque c’est ce à quoi doit naturellement aboutir le mariage, autant commencer par là, pense-t-elle. Le mariage est dès lors affaire de raison et n’est pas l’endroit d’un emportement des sens. Il ne peut y avoir d’amitié qu’entre des égaux : le mariage pensé comme lien amical préserve donc du danger de l’asservissement de l’un à l’autre.
Aujourd’hui que l’égalité entre les sexes est, en Occident du moins, à peu près acquise, comment penser le lien amoureux? Il me semble que beaucoup de ses codes restent liés à un jeu de domination/servitude (“l’homme propose, la femme dispose” en fait partie) toujours d’actualité.
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