Catégories
figures-clés

[bio] Louisa May Alcott

alcott1
Louisa May Alcott naît le 29 novembre 1832 à Germantown en Pennsylvanie (USA) mais passera la plus grande partie de sa vie à Concorde et à Boston dans le Massachusetts (USA).

Une enfance dans les richesses de l’esprit et la pauvreté. Louisa May est la seconde de quatre filles. Ses parents, philosophes transcendantalistes, jouent un grand rôle dans son éducation et influenceront sa pensée. Ils enseignent leurs idées à leurs filles, leur permettent de participer à des discussions avec des amis éminents comme Emerson ou Thoreau et leur donnent l’exemple de l’engagement. Ils soutiennent le mouvement pour l’abolition de l’esclavage et cachent des esclaves au péril de leur vie. Les Alcott feront également l’expérience d’une vie en communauté qui se terminera mal. Louisa May a donc dès sa naissance conscience de l’importance de la réflexion et de l’engagement. Cependant elle expérimente également que ces richesses s’accompagnent d’une grande pauvreté matérielle. Son père est souvent en tournée pour propager ses idées et ses projets de réforme et ne rapporte que de maigres revenus à sa famille. C’est donc sa mère, en travaillant, qui doit se charger d’assurer la subsistance des quatre enfants. Louisa May, de même que ses sœurs, devra très tôt occuper un emploi pour aider sa mère : enseignante, couturière, domestique. Très vite l’exemple de son père, si intelligent mais si pauvre et méconnu, fait naître en elle l’envie d’être riche et célèbre et lui donne envie d’utiliser son intelligence pour gagner de l’argent. Elle pense d’abord à être actrice avant de se lancer dans l’écriture.

Des débuts sous un masque. Louisa May commence à écrire à 16 ans et à publier à 19. Elle publie son premier poème en 1851 sous le pseudonyme de Flora Flairfield. Elle publie ensuite des nouvelles sous le pseudonyme de A.M Barnard. Pendant la guerre de secession, Louisa May s’engage comme infirmière pour les soldats à Washington DC. Elle y puisera le matériau pour un roman, Hopital Sketches, paru en 1863. Après un an de service, elle doit renoncer à travailler car a contracté une fièvre typhoïde. Le traitement à base de mercure qui lui est alors administré se révèlera un remède pire que le mal : Louisa May souffrira toute sa vie de séquelles. Pendant sa convalescence, en 1864, elle publie sous son nom, Moods, un roman qui traite de la guerre et de la question du divorce : cette publication marque les débuts d’une carrière de romancière à succès.

Notoriété et engagements. Louisa May est alors chargée de l’édition d’un magazine pour les jeunes filles, Merry’s museum. A la demande de ses éditeurs, elle publie en 1868 Little Women, un roman pour la jeunesse qui lui apportera aussitôt notoriété et fortune. Elle écrira trois suites à ce roman : Good wives,Little Men, et Jo’s boys and how they turned out , respectivement en 1869, 1871 et 1886. Louisa May, tout en appréciant d’être parvenu à son objectif de célébrité et de richesse, souffrira d’être sans cesse sollicitée pour ce type de romans. Elle se montre en effet tout à fait capable d’écrire des romans pour adultes : Work (1873), Rose in Bloom (1876), A modern Mephistopheles(1877), A whisper in the dark (1880). A côté de ses activités de romancière, elle s’engage et se montre très active malgré sa santé fragile. Elle défend l’abolition de l’esclavage et le droit de vote pour les femmes, se montre très magnanime et n’oublie jamais d’aider matériellement sa famille. S’occupant de son père malade, elle élève également sa nièce dont la mère est morte en couche. Elle meurt le 6 mars 1888, à 56 ans.

Little Women- Good wives

Le roman paru en 1868 raconte le quotidien des femmes de la famille March, la mère et les quatre filles, durant l’absence de Mr March, parti servir auprès de l’armée nordiste. Les quatre sœurs se lient d’amitié avec leur voisin Laurie et apprennent chacune à lutter contre leurs défauts : Meg affronte sa vanité tandis que Jo doit tempérer son caractère passionné. Amy doit combattre son égoïsme et sa fierté ; Beth, en revnache, est une sainte et ne doit lutter que contre la maladie.
Paru un an plus tard Good wives est souvent rattaché à Little Women comme étant son second volume. Il raconte en effet la suite des aventures des sœurs March devenues adultes. Meg est mariée dès le début du roman, Jo et Amy ne tarderont pas à rencontrer l’amour tandis que Beth devra à nouveau faire face à la maladie.

Réception. Le roman est un succès immédiat et la critique lui est très favorable. Rétrospectivement il apparaît comme le premier roman américain pour la jeunesse à proposer réalisme et distraction. Sa notoriété dépasse les frontières américaines et il est lu aujourd’hui encore dans le monde entier. C’est un classique de la littérature jeunesse qui a été plusieurs fois adapté à la télévision et au cinéma.

Critiques féministes. Ce n’est qu’à la fin des années soixante que les critiques se penchent sur ces romans jusqu’alors exclusivement cantonné à la littérature enfantine. Elles dénoncent alors la morale et la séparation traditionnelle entre la sphère des hommes (publique) et la sphère des femmes (privée). De plus la position de Louisa May Alcott quant à l’émancipation des femmes est ambiguë : Jo qui semble incarner dans la première partie du roman la rupture avec les traditions renoncera à beaucoup de ses rêves en se mariant, à l’instar de nombreux personnages féminins dans l’œuvre de Louisa May Alcott. En cela, certaines féministes n’hésitent pas à la ranger parmi les réactionnaires.
Cette analyse s’oppose pourtant à l’engagement de Louisa May Alcott durant sa vie et dans ses écrits non fictionnels. Aussi, à partir des années 80, les critiques se font-elles moins sévères : certaines cherchent à montrer qu’il y a un second degré dans les aventures des sœurs March, d’autres se contentant de saluer le portrait réaliste de la condition féminine et du conflit entre l’aspiration à l’indépendance et les devoirs familiaux.

Bibliographie sélective

Little Women, Penguin Books Gb.
Good wives, Penguin Books Gb.

Pour aller plus loin

http://www.online-literature.com/alcott/
http://www.enotes.com/feminism-literature/alcott-louisa-may
http://www.alcottfilm.com/real_life.php
Ecrit par Daisy (06/06/09)

Catégories
figures-clés

[bio] Emily Dickinson

EDEmily Dickinson naît le 10 décembre 1830 à Amherst dans le Massachusetts (USA).

Issue de la tradition patriarcale. Emily reçoit l’éducation traditionnelle pour une jeune fille aisée de Nouvelle-Angleterre. Elle fréquente l’école primaire puis la Amherst Academy et s’épanouit dans son foyer auprès de ses parents de sa sœur Lavinia et de son frère Austin. Ils forment une famille très unie autour de la figure du père, Edward, un avocat en vu. Austin suivra ses traces et reprendra son cabinet. Ni Emily ni sa sœur ne se marieront, elles resteront dévouées à leur famille. Emily deviendra une tante attentionnée pour les enfants de son frère et soignera sa mère devenue invalide. C’est d’abord à sa famille, principalement à sa belle-sœur Susan, qu’Emily adresse ses poèmes.

Une recluse heureuse. Mis à part un an passé au séminaire féminin de Mount Holyoke, un voyage à Philadelphie et Washington en 1853 et une cure dans les environs de Cambridge dix ans plus tard, Emily ne quittera pas Amherst. A la fin des années 1860, elle refuse même d’aller au-delà du jardin de la maison familiale. Ceci, ajouté à son habitude de se vêtir toujours en blanc, ont contribué à sa mythologie. Un amour contrarié pour le révérend Charles Wadsworth pourrait être à l’origine de ce retrait du monde. Rien n’est confirmé, si ce n’est qu’Emily a toujours fait preuve d’amitié pour cet homme. Il faut cependant remarquer qu’au sein de son petit cercle de proches et d’amis, Emily fait preuve de bonne humeur et d’esprit, et n’est en aucun cas mélancolique ou morbide. Grâce aux relations de son père, Emily se lie avec des personnalités du monde religieux, politique ou littéraire. Benjamin Newton, stagiaire chez son père, va ainsi l’initier à la poésie en lui adressant notamment les œuvres d’Emerson en 1850, au début de ses activités de poète. En 1858 elle entame une correspondance avec Samuel Bowles, directeur du Springfield Daily Republican.

Publication posthume

This is my letter to the world,
That never wrote to me,–
The simple news that Nature told,
With tender majesty.
Her message is committed
To hands I cannot see;
For love of her, sweet countrymen,
Judge tenderly of me!

Samuel Bowles juge les poèmes d’Emily trop simples et irréguliers pour plaire. Emily est ainsi découragée de tenter de se faire éditer. Elle ne publiera que sept poèmes de son vivant. Elle entame cependant en 1858 une correspondance avec celui qui l’éditera après sa mort, Thomas W. Higginson. Egalement réticent à la publier, il lui prodigue des conseils et contribue ainsi à l’encourager. La guerre de Sécession (1861-1865) coïncide avec la période de création la plus prolifique : huit cent poèmes sur les presque 1800 que l’on comptera après sa mort. Beaucoup se trouvent dans des lettres adressées à ses proches.

Ses problèmes oculaires et une série d’événements familiaux dont le décès de son père expliquent le ralentissement de son activité poétique à partir de la fin des années 1860. La fin de sa vie est marquée par une série de décès, notamment son neveu âgé de huit ans, sa mère, et le juge Otis P. Lord qu’elle a pensé épouser. Emily est très éprouvée par ces deuils. Elle meurt en 1886.
Poems. Les premiers poèmes d’Emily sont donc publiés après sa mort en 1890. La critique les dédaigne, mais ils trouvent aussitôt un lectorat si bien qu’une seconde édition en 1891 et une troisième en 1896 ont lieu. Sa correspondance est également publiée en 1894. Les éditions se succèderont ensuite jusqu’à la première édition de ses œuvres complètes en 1855.

Réception.Les critiques d’aujourd’hui s’accordent à dire qu’Emily Dickinson était en avance sur son époque et avait anticipé en quelque sorte le vingtième siècle sur lequel elle a exercé une influence certaine.

Thématiques et style. La poétesse utilise des mots simples pour méditer sur des concepts métaphysiques comme la mort ou l’immortalité, ou encore la nature. Elle met en place un système très personnel de symboles et de références. Elle se distingue également par la forme et la technique choisies : les poèmes sont brefs, les rythmes inhabituels. Le lecteur est surpris par les ruptures ou le choix des mots. Des critiques ont reprochées à Emily la liberté qu’elle prenait avec la ponctuation (notamment l’utilisation du tiret) et la grammaire, mais il s’agit d’une part importante de son travail de création.

Féminisme.Les études féministes sont nombreuses et explorent différentes thèses. Certaines ont repéré des poèmes décrivant le rôle et le ressenti des femmes dans une société patriarcale. Ces études se concentrent sur les poèmes traitant de la vie domestique, de la liberté, de la rédemption et tentent de montrer qu’Emily Dickinson s’oppose aux conventions de son époque. D’autres études s’interrogent également sur son retrait du monde : on y voit tantôt un dévouement à sa vocation poétique tantôt une dénonciation de la société. D’autres études se concentrent sur les relations qu’Emily a entretenues avec ses contemporaines, certaines soulèvent la question de son homosexualité en s’appuyant notamment sur sa correspondance. D’autres études enfin interrogent ses difficultés à publier dans un monde masculin.

Bibliographie sélective

Vivre avant l’éveil, édition bilingue Arfuyen « textes anglais », Paris, 1989. Postface de Margherita Guidacci ;

Une chambre avec vue sur l’éternité, Claire Malroux, Gallimard, 2005 ;

Dickinson and the boundaries of Feminist Theory, Mary LOEFFELSHOLE, University of Illinois, 1991.
Pour aller plus loin :

http://www.online-literature.com/dickinson/
ttp://www.emilydickinsoninternationalsociety.org/
http://www.enotes.com/feminism-literature/dickinson-emily
http://www.earlywomenmasters.net/essays/

Ecrit par Daisy (28/05/09)

Catégories
figures-clés

[bio] Claire Démar

demarClaire Démar (1799-1833) est une saint-simonienne française, figure de proue du courant féministe du saint-simonisme.
Une vie inconnue. De sa vie, on ne sait rien ou pas grand chose. Son ralliement au saint-simonisme est connu, mais rien de son enfance, de son origine sociale, de sa condition au quotidien. Si l’Histoire ne l’a pas oubliée, c’est parce que Claire Démar nous a légué deux textes, Appel d’une femme au peuple sur l’affranchissement des femmes, rédigé de 1831 et 1833, et Ma loi d’avenir, écrit en 1833 et édité de manière posthume en 1834 par Suzanne Voilquin, autre saint-simonienne.
Un engagement utopiste. Ce que l’on sait de Claire Démar, c’est donc son choix de suivre le saint-simonisme, en une période où ce n’était déjà plus son fondateur, le comte de Saint-Simon, mais Prosper Enfantin qui, après des luttes de pouvoir effrenées avec les deux autres successeurs de Saint-Simon, s’est imposé comme chef spirituel de cette nouvelle école de pensée. Ce que le saint-simonisme offre alors, c’est une vision de la société égalitaire et libre, juste et solidaire. Du vivant de Saint-Simon, c’est un projet politique ; après sa mort, en 1825 et l’échec politique des Trois glorieuses de 1830, le courant prend la voie d’une école spirituelle et s’inspire des premières communautés chrétiennes (plus précisément des sectes gnostiques). Claire Démar s’engage auprès du saint-simonisme peu avant la Révolution de Juillet, attirée par ses trois préceptes énumérés ci-dessous et par le discours pro-femme véhiculé par Enfantin :

« Toute institution sociale doit avoir pour but l’amélioration intellectuelle, morale et physique de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre.
Abolition de tous les privilèges de naissance sans exception (y compris l’héritage)
A chacun selon ses capacités, à chaque capacité selon ses oeuvres. »
L’appel d’une femme au peuple sur l’affranchissement des femmes
Contexte de rédaction. Encouragée par la profession de foi du « Père Enfantin », avec lequel Claire Démar correspond beaucoup, selon laquelle une Femme-Messie est appelée à s’asseoir à côté du Père pour fonder la nouvelle société, Claire Démar se lance dans la rédaction de son Appel d’une femme au peuple. Elle suit en cela les dernières paroles de Saint-Simon : « L’homme et la femme, voilà l’individu social » et la conception d’Enfantin d’un amour libre, dans lequel est exclu toute idée de propriété, de possessivité, d’exclusivité et de contrainte.
Réception et féminisme du texte. Mais le texte n’est pas accueilli comme Claire Démar l’imaginait, et Prosper Enfantin est condamné par le Gouvernement à l’issue d’un procès pour « atteintes aux bonnes moeurs ». La morale en cours, contre laquelle se bat Claire Démar et dans laquelle elle voit la racine de l’exploitation des femmes, a le dessus : fragilisée, attaquée, abandonnée par les saint-simoniens, Claire Démar perd foi en son combat. Elle se donne la mort avec son amant, Perret Dessessarts, en 1833. Elle a 34 ans et lègue à la postérité un deuxième texte, Ma loi d’avenir, dans lequel elle expose son projet féministe.
Influences. Lue par Walter Benjamin, lecture dont il rend compte dans le Livre des passages, l’oeuvre de Claire Démar resta longtemps indisponible au public et eut peu de répercussions immédiates. Sans doute est-ce là l’effet de ses thèses extrêmes, qui appellent à l’abolition de la maternité et de la paternité et à une totale liberté amoureuse – liberté qui choqua, à l’époque, les saint-simoniennes elles-mêmes, et provoqua ce désaveu dont Claire Démar ne se releva pas.
Bibliographie
Claire Démar, Appel d’une femme au peuple sur l’affranchissement des femmes, suvi de Ma loi d’avenir et de la correspondance de C. Démar, éd. par Valentin Pelosse, Albin michel, 2001 (épuisé).
Walter Benjamin, Paris, capitale du XIXe siècle : Le livre des passages, Le Cerf, 1989
Astrid Beuder-Mankousky, « Révolte anti-généalogique et reproduction » dansTopographies du souvenir : Le livre des passages de Benjamin, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2007
« Le siècle des saint-simoniens », exposition à la Bibliothèque de l’Arsenal, 28/11/2006 – 25/02/2007
« Les saint-simoniennes » dans M. Albistur & D. Armogathe, Histoire du féminisme français, éditions des femmes, 1977

Catégories
figures-clés

[bio] Anne Brontë

Anne Brontë naît en 1820 à Thornton en Angleterre ; très peu de temps après sa naissance sa famille déménage à Haworth où son père est nommé pasteur.

La plus jeune de la fratrie. Anne est la dernière-née du révérend Brontë et de son épouse Maria, qui meurt en 1821. Elle n’a donc aucun souvenir de sa mère et est particulièrement proche de sa tante Elizabeth Branwell venue vivre avec les Brontë après le décès de sa sœur. Les quatre enfants survivants, Charlotte, Branwell, Emily et Anne grandissent ensemble dans le presbytère entre les sermons méthodistes de leur tante, les récits fantastiques de leur servante, et les livres de leur père. Une grande émulation existe au sein de la fratrie : ensemble, ils lisent les journaux, la Bible, Homère, Shakespeare, Milton, Byron ou Scott, inventent et écrivent des histoires d’aventures. Emily et Anne racontent les chroniques de Gondal, tandis que Charlotte et Branwell rédigent celles d’Angria. C’est sur Branwell, le fils unique, que reposent tous les espoirs de la famille, en particulier ceux du révérend. Branwell pourtant échouera dans toutes ses entreprises artistiques avant de sombrer peu à peu dans la débauche et la dépendance. Anne est particulièrement marquée par la déchéance de son frère et utilise cette épreuve pour créer le personnage d’Arthur Huntington dans son roman The Tenant of Wildfell Hall (La recluse de Wildfell Hall) publié en 1848.

Indépendance. Anne étudie de 1835 à 1837 à Roe Head, école tenue par Miss Wholer où sa sœur Charlotte enseigne. En 1839, désireuse de ne pas dépendre de son père, elle trouve un poste auprès de la famille Inghams à Blake halls. Elle travaillera ensuite auprès des Robinsons de Thorpe Green Hall, entre 1840 à 1845. Son frère Branwell occupera à partir de 1843 la fonction de tuteur auprès du fils de la famille. Malheureusement il s’éprend de la maîtresse de maison et doit quitter son poste auréolé d’un parfum de scandale. Anne démissionne peu après et retourne à Haworth.

Une carrière littéraire interrompue. Poussée par Charlotte qui a toujours nourri une ambition artistique, Anne, de même qu’Emily, utilise l’héritage de leur tante pour publier à compte d’auteur. Les trois sœurs font donc paraître un recueil en 1846 sous les pseudonymes de Currer, Ellys et Acton Bell, chacune prenant ainsi une identité masculine et ne conservant que ses initiales. Anne/Acton contribue à 21 poèmes du recueil. L’année suivante son roman Agnes Grey est édité, mais passe inaperçu à côté des Hauts de Hurlevent et surtout de Jane Eyre. Anne rédige cependant un second roman mais est diagnostiquée tuberculeuse en janvier 1849. Le mal vient d’emporter sa sœur Emily. Elle décide d’un voyage à la mer avec sa sœur et une amie pour se soigner ; elle meurt en mai 1849 à Scarborough où elle est enterrée.

Agnès Grey

Rédaction et sujet. Agnès Grey paraît en 1847 sous le pseudonyme d’Acton Bell. Le roman raconte l’initiation de l’héroïne éponyme qui, désireuse de ne pas demeurer à la charge de sa famille ruinée par une spéculation, trouve un emploi de gouvernante auprès des Bloomfield, puis des Murray. Elle découvre ainsi la vie des gens fortunés : les incohérences en matière d’éducation, l’hypocrisie, la vanité des prétentions…

Réception et féminisme. Le roman est d’abord passé inaperçu face au roman de Charlotte Jane Eyre paru la même année. Il a en effet pâti de la comparaison avec les romans de ses sœurs parus la même année, ou a été réduit à un simple récit autobiographique. Pourtant, si Anne Brontë utilise son expérience en tant que gouvernante, on ne peut pas parler d’autobiographie.
Avec le temps la critique va distinguer ce texte de la série de romans de gouvernantes parues à la même époque parce qu’il possède des thématiques originales, notamment une critique de la société victorienne et de son culte de la vie domestique. La technique narrative est également remarquée. En 1924 Georges Moore rend hommage à Agnes Grey: « The one story in English literature in which style, characters and subject are in perfect keeping ».
La critique féministe retient essentiellement le combat féminin pour acquérir son indépendance et une reconnaissance dans la société, ainsi que la critique sociale. Anne Brontë n’a cependant ni revendications ni projet féministe.

Bibliographie sélective

Agnes Grey, The Modern Library, 2003.
The Tenant of Wildfell Hall, Penguins Books GB, 2007.
Elizabeth Langland, Anne Brontë. The Other One, Barnes and Noble books.
Edward Chitham, A life of Anne Brontë, Blackwell Publishing, 1993.

Filmographie

Les sœurs Brontë, André Téchiné, 1979.

Pour aller plus loin

http://www.online-literature.com/brontea/
http://www.kirjasto.sci.fi/abronte.htm
http://www.enotes.com/nineteenth-century-criticism/grey-agnes

Ecrit par Daisy (21/05/09).