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Interview de Julien Marsay- La revanche des autrices

Connaissez-vous Marguerite Porete, Madame de Graffigny, Olympe Adouard, Marie-Anne Barbier et Catherine Pozzi ?

Couverture de l'essai La revanche des autrices représentant une plume.

La revanche des autrices de Julien Marsay va non seulement vous dire qui sont ces autrices mais surtout pourquoi vous ne les connaissez pas. Cet ouvrage n’est ni une anthologie ni une galerie de portraits mais une enquête mettant à jour les méthodes et les procédés qui ont permis durant des siècles de systématiquement caricaturer, cacher ou silencier les autrices.

Invité dans notre podcast, Julien Marsay nous présente des exemples de ces méthodes et de ces procédés d’invisibilisation.

Julien Marsay, portrait
Julien Marsay (copyright : Alexandre Isard)

Pour aller plus loin

La revanche des autrices. Enquête sur l’invisibilisation des femmes en littérature

Le compte twitter @Autrices_Invisi

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Élodie Pinel – Ce qui arrive backstage

Dans cet épisode de notre podcast, Élodie Pinel, la co-créatrice de Qui a peur du féminisme? nous parle de son roman, Ce qui arrive backstage paru aux éditions Anne Carrière le 20 mai 2022.

Couverture du livre d'Élodie Pinel représentant son portrait se décomposant

Ce qui arrive backstage est une histoire d’emprise au temps du coronavirus. Journaliste culturelle précaire faisant ses premiers pas de chroniqueuse TV dans une émission à succès, la jeune L. croise le chemin d’un animateur radio célèbre… Ce n’est pas du tout la rencontre qu’elle espérait.

Élodie Pinel nous explique pourquoi et pour qui elle a écrit ce récit et ce qu’elle espère ensuite!

Écoutez également l’interview d’Élodie pour Saisons de culture.

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Podcast – Don Juan, Heathcliff et Benjamin Mendy

Don Juan, Heathcliff et Benjamin Mendy : Quelle analogie littéraire pour défendre le footballeur ?

Du 10 août au 17 novembre 2022 s’est tenu le procès de Benjamin Mendy, accusé de sept viols, d’une tentative de viol et d’une agression sexuelle.

En lisant les comptes-rendus du procès dans la presse, des figures littéraires me sont apparues. A qui le footballeur pourrait-il s’identifier pour se défendre?

Séducteur?

Au début du procès, il est décrit comme un don juan. Il se serait vanté d’avoir couché avec 10 000 femmes (The Guardian, 18 août). Il ne confirmera pas ce chiffre mais ne cachera pas rechercher de nombreuses partenaires. Il ne veut pas de relations sérieuses mais seulement des coups, parfois plusieurs la même soirée. Pourrait-on le comparer au célèbre séducteur de Séville qui fait l’éloge de l’inconstance? « Toutes les belles ont droit de nous charmer, et l’avantage d’être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu’elles ont toutes sur nos cœurs »(Dom Juan, Molière, acte I scène 2). Ce serait un choix de défense maladroit : de Tirso de Molina à Erik-Emmanuel Schmitt en passant par Molière et Dumas, don Juan s’appuie tantôt sur le mensonge tantôt sur la force pour violer.

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Outsider?

« Je sais que je ne suis pas Brad Pitt. Si elles s’approchaient de moi, ce n’était pas pour mon look… Mais parce que j’étais footballeur. » (L’Équipe, 8/11/2022). Ces propos rapportés du défenseur mancunien me font songer à Heathcliff, le héros d’Emily Brontë qui affirmait qu’il ne serait jamais beau sans les yeux bleus et les cheveux blonds d’Edgar Linton (Hurlevent, Folio, p. 99). Moqué et rejeté pour son apparence physique plus encore que pour ses origines inconnues, Heathcliff doit devenir riche pour plaire. Là encore mauvais choix de défense : Heathcliff retourne la violence reçue, maltraite sa femme et vampirise son entourage.

Tout au long du procès, la figure qui s’impose le plus est celle du dandy. Promis à un brillant avenir, il se perd, étourdi par les promesses de gloire et de fortune : fêtes arrosées jusqu’au petit matin, sexe non-protégé, non-respect du confinement (L’Équipe, 22/09/2022, 8/11/2022). Benjamin Mendy dandy du XXIème? Stendhal n’avait-il pas trouvé dans un fait divers le modèle de Julien Sorel? Oui, mais Sorel est un féminicide… Encore une fois mauvaise défense.

Choisir une héroïne

La littérature regorgeant de héros masculins toxiques, Mendy a donc tout intérêt à puiser du côté des héroïnes pour soutenir son innocence

Je suggérerais Albertine qui a été accusée sans preuve et emprisonnée par le narrateur de La Prisonnière de Proust, et qui, surtout demeure une énigme. On sait peu de choses d’elle, tout comme on sait peu de choses de Benjamin Mendy. Tout ce que l’on sait d’eux, c’est ce que les autres en disent.

Depuis le début de l’affaire, le footballeur se tait et laisse les autres parler de lui. La structure du procès renforce son silence en le mettant à la barre en dernier. Lorsqu’enfin il parle, c’est en anglais et d’une voix à peine audible (L’Équipe, 8/11/2022). Ses mots semblent répétés à l’avance et sont, de plus, tronqués par les compte-rendus de la presse. Telle Albertine ou Manon Lescaut, Benjamin Mendy est le héros silencié de l’histoire qui porte son nom.

Au moins il a son nom.

Les femmes qui l’accusent n’ont ni renommée ni même un prénoms. Elles sont désignées par un numéro. En dehors du procès, Benjamin Mendy est champion du monde, chevalier de la légion d’honneur, ex défenseur le plus cher de l’histoire… Et les femmes en face sont 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7. Leur anonymat est protégé bien sûr mais on se demande comment elles peuvent écrire une histoire qui porte le nom de celui qu’elles accusent ? Qui se souvient d’Elvire dans Dom Juan ou de Cordélia dans Le journal du séducteur ?

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[club] Typologie des fantômes : en podcast !

Au terme de notre exploration des femmes fantômes dans la littérature, voici la typologie que nous avons pu dresser :

  1. Faux fantôme, femme irréelle : on les trouve chez Baudelaire (« Fantôme »)et chez Bioy Casares (L’invention de Morel)

Pour écouter notre épisode de podcast sur La femme fantôme chez Baudelaire, cliquez ci-dessous ou suivez le lien suivant !

2. Faux fantôme, vraie femme : c’est le cas dans les Dames vertes de George Sand mais aussi du Château des Carpates de Jules Verne et La Dame de Pique de Pouchkine

Pour écouter notre épisode de podcast sur La Dame de Pique de Pouchkine, cliquez ci-dessous ou suivez le lien suivant !

3. Vrais fantômes, vraies femmes : nous trouvons ici les « Radium girls », qui ont bien existé !

Pour écouter notre épisode de podcast sur le livre consacré aux Radium Girls par Kate Moore, cliquez ci-dessous ou suivez le lien suivant !

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[club] Baudelaire Le fantôme : Absence

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La femme fantôme est d’abord absence.

La femme n’est pas présente dans le texte de Baudelaire : on ignore ses sentiments, ses pensées, ce qu’elle est devenue. C’est aussi ce que l’on avait remarqué chez Jules Verne et Bioy Casares. On avait aussi noté la volonté de garder, retenir, assujettir une femme perdue. Cette idée est moins forte chez Baudelaire, mais elle est là aussi. Cette note positive à la fin du poème nait de ce sentiment de pouvoir figer le temps et de garder non pas la femme elle-même mais son souvenir.

Dès lors que la femme est là, elle n’est plus un fantôme. C’est ce que l’on a vu dans Les Dames vertes de George Sand.

Retrouvez ce sujet dans l’épisode du podcast « Qui a peur du féminisme? » en cliquant sur le lien ci-dessous :

La femme fantôme – Baudelaire, Les Fleurs du mal, « Un fantôme » by Qui a peur du féminisme ? • A podcast on Anchor

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[club] Baudelaire Le fantôme : Échec

Dans le poème de Baudelaire, le fantôme incarne le souvenir de la femme aimée.

On retrouve dans la première partie du poème tous les attributs négatifs du fantôme associée aux fantômes dans la littérature fantastique : tristesse, obscurité, mort, absence de sens. Mais ensuite s’opère un renversement : le fantôme ou le souvenir devient quelque chose de positif : il restaure le passé, rend la vie au poète qui assume sa mélancolie et en fait une force, une victoire sur le temps et la mort « Tu ne tueras jamais dans ma mémoire/ Celle qui fut mon plaisir et ma gloire ! ».

Cependant on retrouve chez Baudelaire, comme chez Jules Verne et Bioy Casares, l’idée que la femme du souvenir est diminuée par rapport à celle du passé. De la passion flamboyante de l’amante, il ne reste qu’un « qu’un dessin fort pâle, aux trois crayons ». Là où les héros de Verne et Bioy Casares avait recours à la technique, Baudelaire n’a recourt qu’à son esprit, à sa mémoire. Au niveau des sens, cette restauration du passé reste imparfaite, en-dessous de la réalité.

Pour notre discussion, l’idée centrale est donc que la femme fantôme n’est pas réelle, mais un essai, une expérience pour recréer une femme réelle.

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(club) Radium girls – La douleur des femmes

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On a essayé de discréditer la parole des femmes qui parlaient de leurs corps et leurs douleurs. On leur a reproché d’être hystériques, d’avoir des douleurs nerveuses. Les plaintes des hommes sont davantage prises au sérieux.

Ceci reste une réalité aujourd’hui comme l’illustrent par exemple l’autrice américaine Suzannah Weiss (#My Doctor said) ou le médecin et auteur français Martin Winckler.

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(club) Radium girls- Intersectionnalité

Le cas des Radium girls est intersectionnel. Elles ont longtemps été ignorées non seulement parce qu’elles étaient des femmes mais aussi parce qu’elles étaient des ouvrières. Même si notre point de vue est féministe, on ne peut pas ignorer l’injustice sociale. 

On a deux structures qui empêchent la reconnaissance du préjudice :

·      Le patriarcat ;

·      Le patronat (et peut-être même le système capitaliste).

Il ne suffisait pas d’être un homme pour être protégé, mais d’être un homme « de bonne famille ».

Dans les deux cas, on remarque que ce ne sont pas seulement des individus qui se sont ligués contre ces femmes, mais des systèmes.

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(club) Radium girls – Fantômes

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Les radiums girls sont des femmes fantômes à plusieurs titres :

1)    On les a appelées ainsi car la poussière de radium les faisait rayonner dans le noir.

2)    On les a ignorées, mises en danger et trompées comme si elles ne comptaient pas.

3)    Le radium continue de briller dans leurs os longtemps après leurs morts. C’est d’ailleurs l’analyse des os des premières victimes qui a permis la reconnaissance de l’empoisonnement. Elles sont donc venues après leur mort tourmenter les responsables et aider les autres femmes.

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[club] L’invention de Morel – Désir de possession

Morel me fait penser à un vampire. Il prend les âmes.
Il a besoin de l’énergie de Faustine. De même le narrateur qui était désespéré retrouve une raison de vivre quand il la rencontre. Elle lui donne de l’énergie.
Il n’y a aucune prise en compte de Faustine comme être humain avec des qualités et des besoins.
Si Morel construit la machine, c’est pour la garder avec lui pour toujours. Rendre Faustine immortelle est un moyen de la posséder, de la garder pour lui.
Transformer une femme en fantôme est un moyen de l’assujettir, de la posséder.