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[club] Héloïse – … et Abélard

Il me semble intéressant de relever l’estime qu’Abélard portent aux femmes en général.
Il rédige des règles à l’attention d’un ordre féminin, d’abord, à la tête duquel il place Héloïse. Il agit en cela comme Robret d’Arbrissel avant lui, qui avait fondé l’ordre de Fontevraud. Fonder un ordre relevait d’une mission spirituelle de la plus haute importance ; que celui qu’Abélard fonde soit un ordre féminin est particulièrement intéressant. On peut rappeler qu’il indique préférer conduire spirituellement les soeurs du Paraclet que les frères dont il a la charge à Saint-Gildas-de-Rhuys…. Ce qui indique bien son absence totale de misogynie.
De plus, il lui arrive de mettre en avant la sagesse de femmes illustres, comme la Sybille : ainsi dans son premier traité de théologie. La Sybille est mise au même rang que Platon.
Enfin, ses oeuvres musicales sont encore destinées à des voix de femmes.
Abélard est donc, pour moi, aussi important pour l’image positive de la femme au Moyen Âge qu’Héloïse.

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[club] Héloïse – Contre le mariage

Héloïse est passé à la postérité pour avoir écrit, notamment, qu’elle préférait être la « putain » d’Abélard que sa femme… parce qu’ainsi elle était sûre de conserver son amour. Position facile à comprendre à l’époque, ce XIIe siècle où éclôt l’amour courtois qui indique que la « fin’amor » ne peut être trouvé qu’en dehors des liens du mariage, en marge de la société ; plus difficile peut-être à comprendre aujourd’hui, où le mariage est conçu comme l’aboutissement du lien amoureux. Au XIIe siècle, le mariage est avant tout une institution sociale qui engage deux familles ; la notion de « consentement mutuel » comme nécessaire à ce qu’un mariage soit contracté n’est pas encore apparue.
Abélard est lui aussi contre le mariage, mais pour d’autres raisons : parce que cela compromet sa positon de clerc, d’abord ; en effet, la réforme grégorienne imposant le célibat aux clercs s’établissait de plus en plus, et pour gravir les échelons du monde universitaire et ecclésiastique, mieux valait être dans les bonnes grâces des autorités compétentes… Abélard est contre le mariage parce que cela contrevient à une vie de philosophe, dédié à l’enseignement et à l’étude, ensuite. Pour lui, le modèle de l’intellectuel, c’est l’ermite, comme Saint Jérôme, qu’il cite beaucoup et a beaucoup lu. Mais développe-t-il cette position après sa castration et son obligation de rentrer dans les ordres, ou bien l’a-t-il toujours tenue ? Difficile de faire la part des choses.

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[club] Héloïse – Un témoignage

Sans rentrer dans la polémique de l’authenticité des lettres, il me semble que l’histoire d’Héloïse (séduite, engrossée, mariée, mise au couvent) témoigne de la condition féminine. Les femmes n’avaient pas de choix. Héloïse n’a pas d’autre choix que de fuir, puis d’épouser Abélard et enfin d’entrer dans les autres. Même si elle ne veut pas épouser Abélard, même si elle ne veut pas abandonner son enfant, elle est contrainte de le faire. L’histoire d’Abélard et Héloïse met en évidence la foule de contraintes qui s’imposent aux gens : Héloïse enceinte doit être mariée, mais Abélard ne peut pas l’être…. Même en étant marié, ils ne peuvent pas se voir…C’est ce qui rend leur histoire si tragique, l’absence de choix.

Image : Héloïse et Abélard représentés sur un chapiteau de la Conciergerie, sur l’Ile de la Cité

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[club] Héloïse – Une authentique voix féminine?

George Duby met en cause l’authenticité des Lettres de deux manières :

Premièrement c’est une œuvre construite. A cette époque la correspondance n’était pas un exercice spontané et informel, les épistoliers avaient un projet. Ce ne sont pas des confidences, comme on a parfois voulu le faire croire. Ensuite, et c’est à mon avis le plus intéressant, il doute qu’Héloïse soit l’auteure des lettres qui lui soient attribuées. Héloise, comme d’autres figures féminine du Moyen-Age, lui semble instrument de l’Eglise et des hommes pour vanter le mariage et le célibat, les moyens de maîtriser les femmes, dangereuses créatures qui vivent le désir (p 125 dans l’édition Folio de Dames du XIIème). En effet, les lettres présentent la femme comme timide et indocile et font l’éloge du mariage, même si au départ Héloïse semble se rebeller. Dans la littérature postérieure, c’est cet aspect qui a été retenu. Héloïse est la « championne du libre-amour » (p.86) qui refuse le mariage, la rebelle. « La précoce héroïne d’une libération de la femme ».

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[résumé] Jane Austen – Death comes to Pemberley par P.D James

Ce roman publié en décembre 2011 est un « sequel », une suite de Pride and Prejudice. Tous les fans d’Austen doivent le lire. En effet, cet ouvrage me semble être avant tout le roman d’une fan à destination de d’autres fans. Death comes to Pemberley vaut d’abord pour le plaisir de retrouver Elizabeth, Darcy, Jane, Lydia et tous les autres! L’intrigue policière, avouons-le, n’est pas la meilleure de P.D James, mais le roman n’en est pas moins savoureux en raison  des clins d’oeil. A Pride and Prejudice, mais aussi à deux autres romans d’Austen Persuasion et Emma. Le roman ne manque pas non plus d’interroger le genre du policier. Ainsi un magistrat demande à un médecin  “ your clever scientific colleagues have not yet found a way of distinguishing one man’s blood from another?”. P.D James a une lecture féministe d’Austen et elle prête à ses personnages des propos sur la majorité et la liberté de choix qu’Austen sûrement, à son époque, n’aurait pas osé. Cependant, il faut remarquer que les personnages les plus réussis sont Darcy et Wickham, qu’Austen avaient moins développés que les personnages féminins.