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[club] Les Dames vertes : une inversion des genres?

Il est très tentant de comparer Les Dames vertes avec Le château des Carpates. Premièrement ce sont deux récits du dix-neuvième siècle. Ensuite, ils mettent tous les deux en scène un subterfuge. Mais, si dans le récit de Jules Verne ce sont des hommes qui le mettent au point, c’est, dans le récit de George Sand, des femmes qui abusent de la crédulité d’un homme. De plus, le fantôme de Jules Verne est un hologramme représentant une femme morte alors que celui de George Sand est une femme bien réelle et vivante.
Ces deux différences sont importantes dans notre bookclub. C’est en effet le rôle des femmes qui est différent dans les deux récits. Nous avons remarqué que dans le roman de Jules Verne les femmes étaient absentes, soit parce qu’elles avaient un rôle secondaire, soit parce qu’elles étaient mortes. Ici les dames vertes sont certes mortes et leur existence est même douteuse, mais une femme dirige tout le roman, Mme d’Ionis. Elle met en place le subterfuge pour tromper les hommes : son mari et le narrateur, Just Nivières. Ce dernier est d’ailleurs un jeune homme fort romantique et naïf, qualités qui sont d’ordinaires attribués à des héroïnes.
Cependant, même si ce sont des hommes que l’on berne ici, M d’Ionis et Just Nivières, ils doivent leur superstition à leur mère. La douairière d’Ionis est ainsi fascinée par les dames vertes et Just Nivière avoue avoir été bercé sur les genoux de sa mère par des légendes qui ne l’ « avaient pas toujours fait rire ». Il ne s’agit donc pas tant d’une inversion des genres que d’un équilibre : la superstition n’a pas de sexe.

Une réponse sur « [club] Les Dames vertes : une inversion des genres? »

En effet, les dessous du stratagème sont intéressants à comparer. Les femmes ont toujours une place de choix chez George Sand sans toujours échapper aux stéréotypes de l’époque non plus. On retrouve ce trait ici : le faux fantôme de dame verte reste une apparition fascinante pour l’homme qui la reçoit, et on pense à la Venus d’Ille de Mérimée.
Quant au fait que ce soit la femme qui soit plus romantique habituellement, je nuancerai. Dès le XVIIIe et les romans sensibles, l’homme est tout aussi porté à l’exaltation que la femme. Le romantisme de George Sand présente bien des hommes épris d’absolus, les meilleurs modèles en étant, dans sa vie, Musset et Chopin.

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