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[club] Marguerite de Navarre – Sources, postérité et originalité de l’Heptaméron

Le projet général de l’Heptaméron a sa source dans le Décaméron de Boccace, recueil de nouvelles qui traitent beaucoup des relations hommes/femmes.

Un certain nombre d’histoires sont inspirées de fabliaux, c’est-à-dire de courtes pièces de théâtre comiques, médiévaux – comme par exemple celle du mari qui veut coucher avec sa chambrière et que sa femme piège, puisqu’elle se déguise en ladite chambrière (8e nouvelle). On retrouve d’ailleurs ce stratagème jusque chez Beaumarchais, dans Le mariage de Figaro, où le comte Almaviva veut séduire sa domestique, Suzanne, et où sa femme, Rosine, le prend au piège en se déguisant en Suzanne.

Ce qui est original, c’est que ce soit une femme qui soit l’auteur de ces histoires volontiers licencieuses. Le patronage féminin est d’ailleurs redoublé, à l’intérieur du récit, par le fait que ce soit une femme, dame Oisille, qui ait été consultée pour cautionner et organiser ce jeu de narrations.

Mais c’est peut-être là, aussi, que l’originalité faiblit un peu – car ne retrouve-t-on pas là une organisation proche des « cours d’amour » des 12e et 13e siècle, dans lesquelles c’est une femme (Aliénor d’Aquitaine, par exemple) qui conduit les débats sur ce que doit être le parfait amour (« fin amor », appelé « amour courtois » depuis le 19e s.) ? On rejoint ainsi une tradition qui se poursuivra, cette fois, jusqu’aux Précieuses et leurs débats sur l’amour au sein des salons littéraires.

3 réponses sur « [club] Marguerite de Navarre – Sources, postérité et originalité de l’Heptaméron »

Je ne peux pas juger car je connais très peu d’oeuvres du Moyen-Age et de la Renaissance.
Mais ne peut-on pas dire que Marguerite de Navarre fait une oeuvre originale dans un cadre conventionnel?

« Ce qui est original, c’est que ce soit une femme qui soit l’auteur de ces histoires volontiers licencieuses. » Est-ce original ou bien est-ce que cela dément une représentation habituelle de la femme?

 » Est-ce original ou bien est-ce que cela dément une représentation habituelle de la femme? » : c’est bien là la question !
Nous avions vu, avec Louise Labé et Pernette du Guillet, que l’expression du désir féminin existait à la Renaissance. La nouveauté chez Marguerite de Navarre, c’est que la femme auteur se cache derrière des conteurs tant masculins que féminins pour raconter le désir en général, sous toutes ses facettes. Il y a donc bien, à mon sens, une originalité littéraire.
Quant à la représentation habituelle de la femme, si l’on suit l’image de la femme que véhicule l’Heptaméron, on remarque que la femme est tenue à un comportement vertueux – en apparence ! Car elle ne suit pas toujours ce principe. Reste que les exemples de femmes vertueuses ou démasquant leur mari adultère semblent plus valorisés que ceux des femmes volages.
A partir de là, je pense que notre représentation de la femme à la Renaissance n’est pas à remettre radicalement en question, et que c’est pour cela que des figures comme Louise Labé, Pernette du Guillet ou Marguerite de Navarre sont remarquables.

Je ne sais pas. J’ai l’impression que des échanges grivois entre hommes et femmes avaient lieu mais qu’il ne fallait pas l’avouer. Peut-être que Maguerite de Navarre est représentative de beaucoup de femmes… Mais elle a osé dénoncer l’hypocrisie…

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