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[club] Anne Brontë – Agnes Grey : Rosalie

Le personnage de Rosalie m’a particulièrement frappée. Personnellement je trouve que c’est le personnage du roman le plus intéressant, celui qui est le plus original et dont la psychologie est la plus fouillée. (Personnellement, si je devais jouer un rôle dans une adaptation du roman c’est celui-là que je voudrais). Agnes en effet me semble un peu terne, elle est un peu trop parfaite (ce pourquoi je lui préfère Jane). C’est le personnage qu’Anne Brontë utilise à mon avis pour critiquer la société : au premier degrés Rosalie incarne les vices de la société, mais au second degrés elle est aussi une victime, elle est ce que ses parents et la société en ont fait. Rosalie s’est à la fois être insupportable et même méchante quand elle décide de séduire Mr Weason. Lorsqu’elle invite Agnes à la fin du roman, elle est gentille et désireuse de lui parler mais en même temps elle la laisse poirauter des heures…. Elle a les défauts que l’on peut relever dans les deux familles où Agnes est employée : égoïsme, vénalité, vanité, cruauté envers les animaux, sentiment de supériorité de classe… Mais chez elle ces vices semblent « naturellement » installés chez elle. C’est intéressant un tel mélange d’innocence et de perversité. Elle se met elle-même dans la gueule du loup par son mariage… Quelque part Rosalie n’est pas responsable, car elle n’a pas reçu d’autre éducation par ses parents que celle l’encourageant à la vanité et à la frivolité. Ses discours si frivoles (p.77-78 ; p. 115-119) lui viennent de sa mère. D’ailleurs, c’est pour sa mère qu’elle fait toute cette mise en scène avec le recteur, elle veut montrer à sa mère qu’elle a refusé une demande (p.119). Elle est en fait très dépendante de sa mère. Rosalie est très puérile, le monde dans lequel elle grandit ne lui permet pas de devenir adulte et autonome. Son attitude après son mariage quand elle vient embrasser sa gouvernante (chap. XVIII) est également très puérile. Quand on la découvre dans le dernier chapitre après son mariage, on découvre son malheur mais il n’y a guère d’espoir qu’elle ne change. Quelque part pourtant elle comprend que sa mère l’a utilisé. Mrs Murray a utilisé sa fille comme un instrument, elle voulait ce mariage, mais pas pour le bonheur de sa fille. Elle le comprend mais ne fait rien pour changer, prisonnière de l’éducation qu’elle a reçue. Elle reste ainsi, face à l’alcoolisme de son époux, prisonnière du préjugé selon lequel c’est au mari de divertir sa femme et pas le contraire. Dans sa situation elle pourtant intérêt à se défaire de se préjugé. Mais elle ne peut pas (critique des conventions). C’est tout l’intérêt du personnage : cette immaturité, mélange de naïveté, de perversité et de bêtise. Les sentiments que Rosalie éprouve pour sa propre fille laisse supposer qu’elle ne sera pas une meilleure mère. Cependant, considérant sa fille comme une rivale potentielle, elle refuse de s’investir dans son éducation (elle la confie à une nourrice ce qui d’après une note de l’éditeur ne se faisait pas vraiment). On peut donc espérer que Rosalie ne la gâtera pas et lui laissera ainsi une chance de grandir…

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