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[club] Château des Carpathes – Fantôme ou Folle?

Franz, homme instruit, ne croit pas aux fantômes au contraire des femmes et des villageois. Il pense donc que Stilla est devenue folle.

Dans les romans de Jules Verne, la folie et le surnaturel se cotoie souvent. La folie est en effet une manière rationnelle d’expliquer ce qui paraît surnaturel. On pense en particulier à Ellen Hodges dans Une ville flottante et à Laurence Munro dans La maison à vapeur.

Le rapprochement entre fantôme et folie est intéressant à mon avis car dans l’histoire accuser les femmes d’être folles était un moyen de les écarter, de les faire taire (de les « ghoster » dans le langage des réseaux sociaux). On pense ici à Camille Claudel ou à Virginia Woolf, mais il y en a eu d’autres moins célèbres.On peut aussi citer la religieuse de Diderot.
Une autre piste se dessine ici : les femmes fantômes sont des femmes enfermées, muselées.

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[club] Château des Carpathes – Paradoxe sur le rôle des femmes

Les femmes sont peu nombreuses et peu actives dans ce roman. Elles ne sont que deux : Miriota et Stilla. La première est une jeune fille très jolie et superstitieuse, présentée essentiellement comme la femme du Biró Koltz et la fiancée de Nic Deck. La seconde est morte et seule son image et un échantillon de sa voix apparaissent. Mais, paradoxalement, elle tient le rôle principal. Sans elle, pas d’antagonisme entre Rodolphe et Franz, pas de volonté de se cacher de Rodolphe, pas d’apparition mystérieuse….

Ce paradoxe est constant dans la littérature romantique : la femme aimée est le personnage principal mais elle n’est pas là, soit parce qu’elle est morte, soit parce qu’elle n’est pas intéressée. Son absence entraîne son idéalisation ou sa diabolisation (Confessions d’un enfant du siècle de Musset par exemple). Paradoxe dans le paradoxe : on entend la voix de la Stilla mais elle ne peut pas s’exprimer.

Finalement la figure du fantôme peut incarner ce paradoxe : le fantôme passe, effraye, émeut, mais il n’a pas de prise sur le réel, insaisissable, mystérieux. Il est là, mais il n’est pas là. Traiter les femmes comme des fantômes est une manière de ne pas les prendre au sérieux, de les traiter comme des accessoires… Femmes fantômes = potiches, une première piste pour notre discussion.