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[club] Vigée-Lebrun – Critiques

images-duckduckgo-com1Vigée-Lebrun a connu le succès de son vivant mais a ensuite été oubliée. Elle a été redécouverte à la fin du XXème.

Simone de Beauvoir dans le Deuxième sexe est sévère à son égard : « Au lieu de se donner généreusement à l’œuvre qu’elle entreprend, la femme la considère comme un simple ornement de sa vie ; le livre et le tableau ne sont qu’un intermédiaire inessentiel, lui permettant d’exhiber cette essentielle réalité : sa propre personne. Aussi est-ce sa personne qui est le principal – parfois l’unique- sujet qui l’intéresse : Mme Vigée-Lebrun ne se lasse pas de fixer sur ses toiles sa souriante maternité »

Nous avons déjà répondu que le thème de la maternité était un trait de l’époque. Mais au-delà, en remarquant que beaucoup conteste le talent de Vigée-Lebrun, on est en droit de se demander ce qui dérange chez Mme Vigée-Lebrun : qu’elle fasse des portraits de personnes riches? qu’elle soit une femme ? qu’elle soit ambitieuse ? Ou bien qu’elle soit une femme ambitieuse ?

Il est certain que les souvenirs écrits par Vigée Lebrun elle-même ressemblent beaucoup à une campagne marketing. Si l’on passe à la précarité de l’artiste et de la femme à cette époque, on comprend pourquoi.

Le ton est léger et les intentions impures mais le texte demeure agréable.

Vigée-Lebrun était-elle orgueilleuse et imbue d’elle-même? Je trouve intéressant quel’artiste fasse preuve de confiance : elle est sûre de sa beauté, de son talent, de son statut d’artiste. On nous présente trop souvent des femmes peu sûres d’elles, trop modestes (je pense aux romcom notamment), j’ai beaucoup apprécié l’assurance de Mme Vigée Lebrun. Elle excuse sa vanité dans le tome II par le dur travail fourni, cela me paraît assez juste.

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[club] Vigée-Lebrun – Conditions de la femme artiste

images-duckduckgo-comLes Souvenirs d’Elisabeth Vigée-Lebrun nous renseignent sur le statut de la femme artiste.

Elle n’a aucune autonomie financière. C’est son beau-père puis son mari qui empoche tous ses cachets. Elle confie n’avoir reçu un salaire qu’une fois dans sa vie. (tome I) Son mari dispose non seulement de ses cachets mais aussi de ses œuvres.

On sent également qu’elle se doit de plaire à ses clients. Geneviève Haroche-Bouzinac le confirme dans sa biographie (Flammarion, 2011). Elle retouche par exemple un tableau pour Catherine II, elle doit accepter de peindre Caroline Murat qui ne respecte pas son travail. Elle a pourtant envie de peindre pour son plaisir.

Elle aime contempler les œuvres. Elle se forme par la fréquentation des œuvres d’art. Elle aime Rubens (d’où le chapeau de paille qui revient souvent)

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[club] Vigée-Lebrun – Mères et filles

vigee 1On trouve beaucoup de sujets de mères et filles dans la peinture de Vigée-Lebrun. L’une de ses oeuvres a même pour sous-titre « la tendresse maternelle », et son premier tableau était un portrait de sa mère. On sait par ailleurs que ses relations avec sa fille étaient très étroites jusqu’au mariage de celle-ci.

Est-ce que cela renforce le préjugé selon lequel le sentiment maternel serait naturel aux femmes ? Est-ce en vertu de ce préjugé que Vigée-Lebrun a été retenue dans l’histoire de la peinture ? C’est son art du portrait qui l’a fait connaître à son époque ; toutefois, aujourd’hui, sa réputation s’est restreinte aux sujets liés à l’enfant. Le XVIIIe siècle serait-il plus progressiste que nous dans sa vision de la femme peintre ?

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[club] Vigée-Lebrun – Une femme peintre

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Il y a peu de femmes peintres dans l’histoire de la peinture et Elisabeth Vigée-Lebrun est un cas particulier : fille de peintre, elle devient peintre de la cour grâce à Marie-Antoinette. Spécialisée dans les portraits, elle se distingue par sa sensibilité.

Or le portrait n’est pas un genre noble en peinture au XVIIIe siècle, au contraire des tableaux historiques ou religieux : une femme a-t-elle pu avoir du succès en peinture justement parce qu’elle traitait d’un genre mineur ? S’ajoute à cela que sa qualité, la sensibilité, est alors associée à la féminité : est-ce, là encore, en raison de stéréotypes que Vigée-Lebrun a pu être reconnue comme peintre ?

Je nuancerai ce dernier point en rappelant que l’éloge de la sensibilité était faite par Rousseau et qu’il ne la présentait pas comme l’apanage des femmes. Le XVIIIe siècle est le siècle des Lumières mais aussi celui des pastorales et du Trianon. En ce sens, Vigée-Lebrun est une peintre qui représente à merveille son temps.