Catégories
discussions

[club] Mahony – Dora, patiente mal traitée

Dora est la première patiente sur laquelle nous nous penchons.

Et elle a été mal traitée.

Je ne vais pas en déduire cependant que la psychanalyse traite mal les femmes en général, mais Dora oui.

Il me paraît choquant que Freud ne voit pas d’emblée que Dora est une victime : sa famille est toxique, monsieur K. lui fait des propositions malsaine…. Est-ce liée au fait que je suis née en 1980? Que la Vienne de Dora était différente? Je peux admettre que la différence d’âge entre monsieur K. et Dora n’était pas alors un problème, ni le fait que Dora était ado, mais n’est-ce pas évident que la position de monsieur K. (mari de l’amante du père) rend sa proposition malsaine? Suis-je trop moraliste?

Il me paraît encore plus choquant que Freud ne se met pas du côté de sa patiente. Il ne l’écoute pas, il écoute les adultes qui la lui envoient. Je pense que l’hostilité de Dora à l’égard de la cure est due au manque d’empathie de Freud. Il est du côté des adultes et surtout il veut prouver sa théorie, il ne l’écoute pas.

Cependant, il y a malgré tout dans le texte de Freud une volonté de se remettre en cause. Et je trouve que beaucoup de psychanalystes oublient cet aspect : Freud n’avait pas la prétention d’avoir une théorie achevée et intouchable.

2 réponses sur « [club] Mahony – Dora, patiente mal traitée »

Sur la théorie inachevée, cela rejoint ma réaction précédente.
Sur le parti-pris de Freud de se mettre du côté des adultes, on rejoint là le problème de la théorie du fantasme de séduction de Freud dans son ensemble : est-ce parce qu’il n’y a pas toujours eu de séduction avec passage à l’acte physique que les entreprises de séduction psychique, d’emprise avec chantage affectif ambigu à la clef, n’existe pas ? Est-ce parce qu’on est dans l’ordre du mental qu’on n’est plus dans la violence ?
Aujourd’hui, la notion de harcèlement moral nous a fait revoir notre conception de la violence. Ce n’était pas le cas au XIXe siècle : la violence symbolique semble y avoir moins de poids que la violence physique. Ce qui, soit dit en passant, devait faire passer beaucoup d’analystes à côté de diagnotic de viols, quand on sait que ceux-ci suivent bien rarement l’image d’Epinal de l’homme armé dans une ruelle sombre mais rentrent bien plutôt dans le schéma d’une emprise psychologique progressive du violeur sur sa victime.

Il y a une difficulté : comment reconnaître fantasme de séduction et inceste? Je pense que après Anna O. Freud était persuadé qu’il n’y avait que des fantasmes de séduction. Surtout dans la bourgeoisie viennoise. Préjugé de classe cette fois.
Plus largement je pense qu’il y a ici une difficulté majeure pour la psychanalyste, mais elle peut être surmontée par 1) la formation de l’analyste 2) la modestie et l’honnêté intellectuelle de l’analyste qui reconnaît que certains cas, certains problèmes ne sont pas de leur dommaine. Il y a une violence réelle, des agressions réelles…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *