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[club] Erec et Enide – Une histoire d’amour courtois ?

Si Erec et Enide parle d’amour et de courtoisie, ce roman ne respecte pas vraiment tous les codes de l’amour courtois. Et ce décalage bouleverse du même coup la représentation qui y est donnée de la femme.

En effet, dans la « fin’amor », l’homme est de rang social inférieur à celui de la femme qu’il aime ; il s’engage envers elle comme un vassal vis-à-vis de son suzerain et se met à son service ; il doit respecter des impératifs de discrétion, de politesse, d’élégance pour la conquérir ; souvent, il l’est à distance et est récompensé – rarement – lors de moments qui lui donnent la « joy », c’est-à-dire un bonheur amoureux complet. De plus, la dame est mariée et l’amour courtois est adultère ; il se situe en marge du mariage. La femme y a une position inverse de celle qu’elle tient dans la société féodale.

Or, dans Erec et Enide, les deux héros sont mariés et inséparables ; ils ne s’aiment pas de loin mais de très près, ne sont pas discrets quant à leur amour (puisque leurs ébats amoureux sont connus de tous, et critiqués), et l’homme y est d’un rang supérieur à celui de la femme. Enfin, l’homme n’y est pas au service de la femme ; c’est bien plutôt la femme qui subit une épreuve que son amant lui inflige, celle du silence.

Erec et Enide ne ressemble donc pas à une histoire d’amour courtois ; et la place de la femme n’y est pas la même que dans la « fin’amor ». C’est ce qui rend ce roman intéressant à lire et à étudier : il s’écarte des représentations toutes faites que l’on a concernant la littérature médiévale et, par là même, les remet en question.

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