Catégories
discussions

[club] Marie Bonaparte – Loin de tout

princessemarie2004La question centrale que se pose Marie Bonaparte lors de sa psychanalyse, celle qui la fait rechercher des liaisons adultérines et la pousse à se faire opérer, c’est celle-ci : pourquoi est-elle frigide ? Qu’elle affronte le problème avec autant d’aplomb et aussi peu de discrétion peut étonner, si l’on se replace dans le contexte historique et idéologique des années d’entre-deux-guerre. La facilité avec laquelle elle parle de ses liaisons dans ses écrits autobiographiques étonne également: certes, elle a compris l’homosexualité de son mari (qui ne l’avait peut-être pas compris lui-même?), mais était-ce assez pour faire sauter le verrou de la morale et des bienséances ?

Face à cette impudeur fondamentale se dresse une incapacité à s’investir dans quoique ce soit : elle n’est pas présente pour ses enfants, renvoie à son mari le miroir de son indifférence, ne parvient pas à aimer ses amants (je pense à Aristide Briant), ne se passionne pour rien avant la psychanalyse. Comme si tout l’effleurait sans jamais l’atteindre, sans jamais la modifier. Etrange personnalité… Propre à être analysée, d’autant plus si on évoque l’hypocondrie de son adolescence, qui rappelle par certains traits les troubles hystériques dont le traitement lança la réflexion de Freud quant à une autre manière de soigner ces maux.

Je relève donc ce paradoxe, qui me semble fondamental chez Marie Bonaparte : à la fois audacieuse et distanciée, impudique et désinvestie.

A moins que ceci explique cela ?