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[club] La Belle dame sans mercy – Postérité

L’ouvrage est demeuré célèbre. Il donne lieu à de nombreux textes s’en inspirant, y compris au 19ème (Keats).

La qualité littéraire du texte y est sûrement pour beaucoup. Le fait que les deux personnages soient également desservis permet de le rendre agréable à tous.

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[club] La Belle dame sans mercy – Refuser et refuser l’amour

La dame est sans mercy car elle refuse l’amour de son poursuivant.

Peut-on y voir l’éloge de la liberté de choix?

D’un point de vue courtois, je pense que non. L’indifférence de la dame fait partie du jeu courtois. La dame doit octroyer ou refuser ses faveurs à l’amant suivant « la logique du guerredon ». La Dame la refuse au nom d’une « libre franchise », qui n’est pas « la noble franchise ». Le problème n’est donc pas que la dame refuse, mais la raison pour laquelle la dame refuse.

La dame refuse au nom d’un désir d’indépendance, qui n’était certes pas recommandé par la société médiévale.

Maintenant Chartier reste neutre vis-à vis de ses personnages

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[club] La Belle dame sans mercy – La femme fatale

Dans La Belle dame sans mercy apparaît le type de la femme fatale, qui refuse celui qui l’aime et le fait souffrir sans compatir à sa douleur ou chercher à l’apaiser. D’autres femmes s’inscrivent dans ce type, mais plutôt au XIXe siècle : ainsi du personnage féminin dans La femme et le pantin de Pierre Louÿs, de Carmen dans la nouvelle de Mérimée, de Nana dans le roman de Zola…

La différence entre la Belle dame et les héroïnes du XIXe siècle est que ces dernières séduisent par leur beauté et se jouent des sentiments masculins pour en tirer bénéfice. La Belle dame sans mercy, au contraire, ne demande qu’à être tranquille. Mais de ses répliques n’est pas toujours absente une certaine ambiguïté : « Les yeux sont faits pour regarder »…

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[club] La belle dame sans mercy – Emancipation féminine

La Belle Dame sans mercy est un débat poétique entre un amoureux et celle qu’il aime qui parodie le discours courtois. Ce débat  est enchâssé dans l’histoire du narrateur, témoin de ce dialogue. L’amoureux est éconduit : il présente tous les arguments habituels de l’amour courtois (mal d’amour, don du coeur, risque de mort et de martyre d’amour, demande de pitié de la part de la dame) mais, à la différence des dames qui récompensent les épreuves subies par leur ami (on appelle cette récompense le guerredon), cette « belle dame » est sans merci (donc sans pitié) et réfutent les arguments présentés.

Ce texte a eu beaucoup de succès et a suscité des continuations et des réponses : il n’a pas laissé insensible. Son caractère fictionnel invitait à la réplique, comme dans les cours d’amour ou les « puy », sociétés où les intervenants proposaient des textes sur un thème et/ou avec une forme donnée. Mais, comme l’indique l’éditeur en introduction, le texte de Chartier n’est pas le seul à présenter une telle dame et une telle réponse à l’amour courtois. Pourquoi un tel succès ?

Peut-être, et c’est en cela que le texte s’avère féministe, parce que la dame y manie le bon sens avec une telle évidence qu’on ne peut que se rendre à ses arguments et qu’elle déjoue les pièges et les artifices du discours courtois en manifestant qu’il est à l’avantage de l’homme et non de la femme, contrairement à ce qui en est généralement présenté. En effet, on dit que la dame est, dans l’amour courtois, celle qui domine et qui fait subir des épreuves à l’ami : en réalité, elle n’est pas libre de refuser l’ami qui souffre pour elle, selon la logique courtoise, sous peine d’être accusée d’être impitoyable, méchante. La Belle dame sans mercy remet les choses à leur place : le discours courtois est un mensonge, une imposture, destinés à prendre les femmes au piège en les culpabilisant. Elle rend cette vérité évidente et c’est en cela qu’elle est, selon moi, un héraut de la cause féminine.

Par ailleurs, par son bon sens et ses arguments sans faille ni détour, la Belle dame anticipe le style des réponses de Jeanne d’Arc à son procès, en 1440 : saisissantes de vérité, de logique et d’évidence.