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[bio] Elisabeth Badinter

badinter_elisabethElisabeth Badinter naît Bleustein-Blanchet le 5 mars 1944 à Boulogne-Billancourt (92), est  mariée et mère de trois enfants.

Une philosophe spécialiste du XVIIIème siècle. Agrégée de philosophie, Elisabeth Badinter a été maître des conférences à l’Ecole polytechnique et a publié de nombreux ouvrages sur le siècle des Lumières. Elle s’est notamment intéressée à Condorcet (Condorcet, un intellectuel en politique, 1988) à Mmes du Châtelet et d’Epinay (Emilie, Emilie, 1983) dont elle a préfacé certains ouvrages. Elle est aussi l’auteure d’une histoire du siècle des Lumières en 3 tomes : Les Passions intellectuelles parues entre 1999 et 2007.

Une féministe controversée. Elisabeth Badinter se considère féministe. En 1980 dans L’Amour en plus : histoire de l’amour maternel, elle dénonce le préjugé selon lequel il existerait un instinct maternel. C’est un de ses arguments majeurs pour se prononcer en faveur de la gestation pour autrui. Elle défend la thèse de la ressemblance entre les hommes et les femmes et soutient que toutes les politiques de la différence sont source de discrimination et d’inégalité. En vertu de cette conception, elle défend la laïcité républicaine, s’est opposée au port du voile à l’école et à la loi sur la parité, arguant que les femmes pouvaient réussir par elle-même. Quand, en juin 2008, un mariage est annulé par le parquet de Lille parce que l’épouse a menti sur sa virginité, elle s’est indignée : « La sexualité des femmes et une affaire privée et libre ». Cependant elle est controversée au sein des féministes qui ne partagent pas toutes sa vision de la féminité et des relations entre les deux sexes. Cela est particulièrement visible lors de la parution de son essai Fausse route en 2003.

Une héritière engagée. Elisabeth Badinter est présidente du conseil de surveillance de Publicis depuis 1996. Elle est également la deuxième actionnaire du groupe, elle a hérité ses parts de son père, fondateur du groupe. Elle figure parmi les 500 premières fortunes de France. Elle est également membre du comité de parrainage de la Coordination Française pour la décennie de la culture, de la paix et de la non violence.

Fausse route

Rédaction. L’essai paraît en 2003. Elisabeth Badinter y soutient la thèse selon laquelle le féminisme français des années 60-70 a fait fausse route en suivant des influences américaines qui l’ont conduit à poser les femmes en éternelles victimes de la domination masculine et en éternelles ennemies du sexe prétendu fort. Elle regrette que l’on ignore systématiquement le pouvoir et la puissance des femmes et regrette que l’on manipule les statistiques pour en faire des victimes. Elle regrette également que le législateur suive cette tendance.

Réception. L’essai a fait l’objet de réactions opposées. La presse loue le courage de Badinter, tandis que beaucoup de féministes l’accusent de trahison. Elles reprochent à Badinter la partialité et la légèreté de ses sources. Il semble que ce que Badinter appelle « féminisme » est en fait une caricature d’un courant féministe américain et qu’elle ignore la diversité des mouvements et de leurs actions. Les féministes lui reproche également de relayer des arguments antiféministes et de céder à des critiques faciles.

Bibliographie sélective

Fausse route, Odile Jacob, 2003.

Pour aller plus loin

Élisabeth Badinter dénature le féminisme pour mieux le combattre (par Élaine Audet, Sysiphe, 29 septembre 2003)

La réaction des Chiennes de garde (25 mai 2003)

Un féminisme bien tempéré (par Arnaud Spire, L’Humanité, 28 mai 2003)

Un article de Marie-Pierre Tachet sur le dernier ouvrage d’E. Badinter, Le conflit

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[bio] Marcela Iacub

MIMarcela Iacub naît en 1964 à Buenos Aires. Elle est mariée au philosophe Patrice Maniglier et déclare n’avoir jamais désiré d’enfants.

Une juriste du corps. Elle suit des études de droit et devient en 1985 la plus jeune avocate du barreau de Buenos Aires, spécialisée dans le droit du travail. Elle refuse de rejoindre le cabinet de son père. En 1989, grâce à une bourse d’études, elle vient vivre à Paris, étudie à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et se spécialise dans l’histoire juridique du corps, vaste sujet qui l’amène à s’interroger sur des questions bioéthiques, féministes ou morales. Après un mémoire de DEA dirigé par Yan Thomas, elle s’engage dans une thèse de doctorat sous la direction du professeur Antoine Lyon-Caen.

Une chercheuse polémiste et sujet de polémique. Elle devient ensuite chercheuse au CNRS et membre associée au Centre d’étude des normes juridiques de l’EHESS. Elle a publié trois essais en 2002 (Le crime était presque sexuel et autres essais de casuistique juridique, Penser les droits de la naissance Qu’avez-vous fait de la libération sexuelle ?) puis en 2004, L’Empire du ventre ; et en 2005 en collaboration avec son mari Antimanuel d’éducation sexuelle. Elle a ensuite exprimé ses idées par le biais de la fiction avec Aimer tue en 2005 et Une journée dans la vie de Lionel Jospin en 2006. Elle retrouve l’essai en 2008 pour exposer son travail sur la pudeur, Par le trou de la serrure. Une histoire de la pudeur publique, XIX-XXIe siècle. Ses positions sur le droit à la prostitution, l’adoption par les homosexuels ou la gestation pour autrui dérangent d’autant plus qu’elles s’appuient sur l’analyse précise de cas juridiques. Ses ouvrages et ses interventions sont toujours fortement médiatisés et sonnent souvent comme une provocation volontaire. Dans ces articles, notamment dans la chronique qu’elle tient dans Libération (textes regroupés en 2005 dans Bêtes et victimes et autres chroniques de Libération chez Stock), elle choisit les mots qui choquent. Parmi ses pairs on lui reproche d’être trop bruyante.

Une féministe controversée. Marcela Iacub se définit comme féministe, mais elle critique le féminisme français qu’elle juge trop moralisateur car il demande toujours une extension de la répression pénale. « Le féminisme français s’est compromis, perdu. Il ne rend plus service aux femmes. Au contraire, il les victimise et les enferme dans leurs spécificités.» écrit-elle dans Qu’avez-vous fait de la libération sexuelle ? Elle s’attire ainsi les foudres de tout un courant féministe qui lui reproche de nier les crimes faits aux femmes et de vouloir obliger les femmes à se taire.

L’empire du ventre

L’essai paraît en 2004. Il part du constat que la maternité et la paternité loin d’être naturels sont des relations juridiques. Pour être père ou mère, il faut remplir les conditions qu’exige le droit. Celles-ci varient d’ailleurs en fonction des pays et des époques. Ce n’est que récemment en France qu’on en est arrivé à la définition de la maternité par l’accouchement. On a loué cela comme un progrès et on a décrié le code Napoléon qui faisait l’apologie du mariage et du père de famille. Cependant c’était aussi le triomphe de la volonté sur la nature d’où la possibilité de supposer ou de substituer un enfant à condition de l’élever comme son enfant et dans le cadre du mariage. Aujourd’hui les femmes ont perdu la liberté de devenir mère sans accoucher et l’ouvrage essaye d’expliquer pourquoi.

Réception. L’essai a fait l’objet de réactions opposées. Loué comme une avancée dans la lutte pour la libération des femmes par les uns, hué comme un réquisitoire contre la grossesse par les autres, il n’a peut-être pas reçu la place qu’il méritait dans le débat sur la gestation pour autrui.

Bibliographie sélective

L’empire du ventre, Fayard, 2004.

Pour aller plus loin :

http://endehors.org/news/marcella-iacub-et-le-feminisme-libertaire

http://www.editions-fayard.fr/auteur/fayard-auteur-000000032517-iacub-marcela-biographie-bibliographie.html

http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2088/articles/a255137-qui_a_peur_de_marcela_iacub.html

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[bio] Elisabeth Badinter

badinter_elisabethElisabeth Badinter naît Bleustein-Blanchet le 5 mars 1944 à Boulogne-Billancourt (92), est  mariée et mère de trois enfants.

Une philosophe spécialiste du XVIIIème siècle. Agrégée de philosophie, Elisabeth Badinter a été maître des conférences à l’Ecole polytechnique et a publié de nombreux ouvrages sur le siècle des Lumières. Elle s’est notamment intéressée à Condorcet (Condorcet, un intellectuel en politique, 1988) à Mmes du Châtelet et d’Epinay (Emilie, Emilie, 1983) dont elle a préfacé certains ouvrages. Elle est aussi l’auteure d’une histoire du siècle des Lumières en 3 tomes : Les Passions intellectuelles parues entre 1999 et 2007.

Une féministe controversée. Elisabeth Badinter se considère féministe. En 1980 dans L’Amour en plus : histoire de l’amour maternel, elle dénonce le préjugé selon lequel il existerait un instinct maternel. C’est un de ses arguments majeurs pour se prononcer en faveur de la gestation pour autrui. Elle défend la thèse de la ressemblance entre les hommes et les femmes et soutient que toutes les politiques de la différence sont source de discrimination et d’inégalité. En vertu de cette conception, elle défend la laïcité républicaine, s’est opposée au port du voile à l’école et à la loi sur la parité, arguant que les femmes pouvaient réussir par elle-même. Quand, en juin 2008, un mariage est annulé par le parquet de Lille parce que l’épouse a menti sur sa virginité, elle s’est indignée : « La sexualité des femmes et une affaire privée et libre ». Cependant elle est controversée au sein des féministes qui ne partagent pas toutes sa vision de la féminité et des relations entre les deux sexes. Cela est particulièrement visible lors de la parution de son essai Fausse route en 2003.

Une héritière engagée. Elisabeth Badinter est présidente du conseil de surveillance de Publicis depuis 1996. Elle est également la deuxième actionnaire du groupe, elle a hérité ses parts de son père, fondateur du groupe. Elle figure parmi les 500 premières fortunes de France. Elle est également membre du comité de parrainage de la Coordination Française pour la décennie de la culture, de la paix et de la non violence.

Fausse route

Rédaction. L’essai paraît en 2003. Elisabeth Badinter y soutient la thèse selon laquelle le féminisme français des années 60-70 a fait fausse route en suivant des influences américaines qui l’ont conduit à poser les femmes en éternelles victimes de la domination masculine et en éternelles ennemies du sexe prétendu fort. Elle regrette que l’on ignore systématiquement le pouvoir et la puissance des femmes et regrette que l’on manipule les statistiques pour en faire des victimes. Elle regrette également que le législateur suive cette tendance.

Réception. L’essai a fait l’objet de réactions opposées. La presse loue le courage de Badinter, tandis que beaucoup de féministes l’accusent de trahison. Elles reprochent à Badinter la partialité et la légèreté de ses sources. Il semble que ce que Badinter appelle « féminisme » est en fait une caricature d’un courant féministe américain et qu’elle ignore la diversité des mouvements et de leurs actions. Les féministes lui reproche également de relayer des arguments antiféministes et de céder à des critiques faciles.

Bibliographie sélective

Fausse route, Odile Jacob, 2003.

Pour aller plus loin

Élisabeth Badinter dénature le féminisme pour mieux le combattre (par Élaine Audet, Sysiphe, 29 septembre 2003)

La réaction des Chiennes de garde (25 mai 2003)

Un féminisme bien tempéré (par Arnaud Spire, L’Humanité, 28 mai 2003)